Une semence pour leurrer les becs gourmands

Une vingtaine d’agriculteurs s’est réunie pour une visite d’essais en agriculture de conservation chez un agriculteur du GSI 37 (Groupe systèmes innovants) en Indre-et-Loire. Objectif : échanger sur ses pratiques en agriculture de conservation et semis direct, et suggérer des idées nouvelles.

La semence d'intérêt est mélangée pour moitié avec une semence de ferme non protégée. © A. Lambert/Pixel Image

« Le sol doit être l’outil numéro un de l’exploitation, c’est notre meilleur allié. Tout ce que nous mettons en place a pour objectif d’avoir un sol productif et qui se porte au moins aussi bien qu’avant. » C’est ainsi que Pierre Arnault, agriculteur en Indre-et-Loire, a démarré la matinée de visite de ses parcelles d’essais d’itinéraires techniques innovants. Membre du GSI 37, un groupe d’une trentaine d’agriculteurs travaillant sur cette thématique, Pierre Arnault a détaillé les essais en agriculture de conservation des sols et en semis direct sur son exploitation, et notamment un essai tournesol.

L’agriculteur dispose en effet d’une parcelle d’une petite dizaine d’hectares, entourée de bois et à proximité d’une immense allée de platanes : « Cette allée est le refuge pour le choucas des tours, une espèce de corvidés qui est protégée, explique l’agriculteur. Ces oiseaux, en plus des autres corbeaux et pigeons des villes, sont très friands des graines de tournesol. Ils sont un véritable fléau pour la culture du tournesol, surtout aux abords des agglomérations comme ici. Or je ne peux pas les chasser et les leurres comme les canons ou les épouvantails ne fonctionnent pas. Et une fois qu’ils ont trouvé la ligne, leur odorat fait qu’ils piquent au bon endroit. Les dégâts sont rapidement très importants. »

Des cultures de tournesol devenues difficiles donc, avec des parcelles parfois dépouillées de plus de 50% de leurs semis et des impasses pour les agriculteurs. Parce qu’il veut continuer à emblaver la plante du soleil, Pierre Arnault tente un pari en utilisant la variété Express Sx, qui supporte un désherbage post-levée : « Mon objectif post-levée est de compter 75000 pieds/ha, détaille Pierre Arnault. Pour cela, je mélange la variété Express SX avec une semence de ferme, non protégée. Je mélange donc la variété d’intérêt pour moitié avec la semence de ferme, soit un semis de 150000 grains/ha. Ensuite, je fais le pari que les oiseaux préféreront l’odeur de la semence de ferme plutôt que celle de l’enrobage d’Express SX. Et une fois toutes les graines restantes levées, je pourrais passer mon herbicide qui détruira uniquement les plantules issues des semences de ferme, et retrouver ainsi une densité proche des 75000 pieds/ha. »

Si la technique s’avère efficace, bon nombre d’agriculteurs du secteur pourraient s’en inspirer. Pierre Arnault préfère cependant se rappeler que « la nature reste la plus forte, et qu’il faudra probablement trouver des nouvelles techniques à l’avenir ». Des idées nouvelles pour l’agriculture de demain : de belles perspectives.

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