Un choix d'organisation avant tout

L'idée de répartir différemment les plantes dans la parcelle se traduit par des écartements plus réduits entre rangs et moins denses sur le rang. Le principe se décline en différentes options, de 50 à 60 cm d'interrang ou encore le twin row... Mais quelles répercussions de ces architectures du peuplement sur le rendement ou le salissement ? Tour d'horizon des essais réalisés depuis 2 à 3 ans sur la question...

 

De nouvelles architectures du peuplement du maïs ont été testées, avec des interrangs réduits à 50 ou 60 cm en place des traditionnels écartements à 75 ou 80 cm. © Arvalis Institut du végétal

 

Modifier la répartition des plantes dans la parcelle est une réflexion qui peut relever de plusieurs objectifs ou hypothèses. Ainsi dans les régions où on peut semer alternativement dans l'année colza, tournesol, maïs ou encore betterave, la recherche d'un bon compromis d'écartement de semis, qui soit unique pour toutes les cultures semées au monograine, peut permettre de simplifier l'organisation du travail. Par ailleurs, en répartissant de façon plus homogène les plantes sur une surface donnée, ne pourrait-on pas imaginer un effet positif sur le rendement ?

La chambre d'agriculture d'Alsace et Arvalis - Institut du végétal ont comparé différentes architectures du peuplement durant plusieurs années consécutives. Patrice Denis, conseiller à la chambre d'agriculture d'Alsace, rapporte ainsi les conclusions de trois ans d'essais, réalisés de 2012 à 2014. Trois écartements ont été comparés : la référence du secteur 75 cm, un écartement réduit à 50 cm, et le twin row (2 rangs rapprochés à 25 cm écartés de 50 cm). À ces trois modalités a été croisé le paramètre densité de semis, 90000 et 100000 grains/ha, cela dans des sols différents les trois années d'essais. « En 2012, nous avons testé la variété DKC 4590 en sables irrigués, en 2013 nous avons rajouté une variété cornée, Herkuli, en limon profond non irrigué, enfin en 2014 nous nous sommes placés en terres caillouteuses irriguées où nous avons comparé les variétés DKC 4530 et DKC 4590 soit deux dentées, une avec petits grains et l'autre avec gros grains », décrit Patrice Denis. Bilan des trois ans de suivi : aucun effet statiquement significatif permettant de discriminer les différents écartements. Patrice Denis précise : « Nous n'avons observé aucune différence si ce n'est un petit effet densité positif sur le rendement du twin row. Celui-ci a mieux répondu à une forte densité en 2012, sans que cette tendance soit significative. Nous nous interrogeons donc sur le choix stratégique des marques de semoir qui partent sur le twin row. Nous allons néanmoins suivre Lemken qui propose un semoir twin row à 12,5 cm. Il conclut : « Ce qui est à retenir, c'est qu'aucun écartement ne se montre pénalisant. »

 

Moins de resalissement en écartement réduit

Le constat réalisé par Damien Brun, ingénieur en agroéquipement chez Arvalis, est similaire : « Nos essais en Poitou-Charentes et dans le Centre réalisés en 2014 et 2015 ne montrent pas d'effet de l'architecture sur le rendement », déclare-t-il.

Les essais de la station expérimentale du Magneraud (17), comparaient des écartements de 80 cm, 55 cm et le twin row, cela pour deux variétés (DKC 4795 et DKC 4814) et trois densités, 75000, 90000 et 105000 grains/ha en terres argilo-calcaires irriguées en conduite limitante pour l'année 2015 uniquement.

« Ce qui joue sur le rendement est le facteur variété, suivi de la densité : les densités les plus élevées ont procuré le plus de rendement », expose Damien Brun. Néanmoins, les densités classiquement recommandées ne sont pas remises en cause, car le surcoût de semence lié à l'augmentation de densité peut absorber le gain de rendement (étude économique en cours). Les conclusions se sont montrées identiques dans les essais réalisés dans la région Centre avec les variétés DKC 4590 et Kassandras, semées aux mêmes densités que dans le Poitou, à des écartements de 50 cm, 60 cm et 75 cm.

Toutefois, dans ces deux essais, un effet de l'écartement qui n'était pas attendu au départ a été observé. « En 2014, l'été pluvieux a occasionné un resalissement tardif (août) des parcelles, qui s'est révélé différent selon les écartements : plus l'écartement était réduit, moins le resalissement était important », rapporte Damien Brun. Il précise : « Nous avons observé les mêmes résultats l'année suivante pour cet essai à flore dominante de mercuriales et chénopodes blancs, tout comme dans l'essai du Centre, à dominante mouron des oiseaux et pâturin. »

Sur les possibilités d'adapter en conséquence le programme herbicide en écartement réduit, c'est la réserve qui reste encore de mise pour l'Institut du végétal. « Nous ne pouvons encore proposer de conseils opérationnels à ce stade des essais », souligne Thibaud Deschamps, ingénieur qui a suivi les expérimentations du Magneraud.

Sur la base de ces essais, le choix de passer en écartement réduit relèverait ainsi avant tout d'une stratégie organisationnelle, à condition de s'équiper aussi pour la récolte du maïs...

 

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