Depuis jeudi 27 avril, le nouvel outil Toxibees est en ligne gratuitement et accessible à tous sur la plateforme https://toxibees.certifiedbeefriendly.org.
Porté par l’association Bee Friendly, avec l’appui scientifique de l’Inrae, du CNRS et de l’Institut de l’abeille et de la pollinisation, cet outil vise à fournir aux agriculteurs des informations sur l’impact des produits phytosanitaires (près de 300 molécules référencées, insecticides, mais aussi fongicides ou herbicides), sur les pollinisateurs notamment, avec une entrée par substance active.
Amélie Bajolet, ingénieure agronome et fondatrice de Bee Friendly, souligne :
Cet outil a été construit collectivement pour répondre à la demande du terrain, et sortir du schéma manichéen du tout phyto ou du zéro pesticide. L’idée est d’apporter de l’information aux agriculteurs – céréaliers, vignerons, arboriculteurs ou maraîchers – pour qu’ils puissent décider en connaissance de cause des produits qu’ils emploient sur leurs cultures et les impacts de ces-derniers sur l’environnement et les pollinisateurs.
Par matière active et non par formulation
Cet outil de sensibilisation et d’information peut aussi être utilisé par les conseillers, techniciens ainsi que par les apiculteurs ou les ONG. « Agréger l’ensemble des informations sur les matières actives et leur donner un niveau de danger a représenté un travail très important », insiste Jean-Marc Bonmatin, chercheur au CNRS, qui a notamment travaillé sur les néonicotinoïdes et les SDHI.
Si le reproche peut être fait à l’outil de ne s’intéresser qu’aux molécules phytosanitaires de bases et non aux produits commercialisés par les firmes, le chercheur reconnaît que l’information sur les formulations est « très lacunaire. » « Je rêve d’intégrer un jour les formulations sur ce site, pour nuancer les dangers en fonction des produits vendus et aussi imaginer des liens avec la plateforme E-phy de l’Anses, pour avoir accès directement aux risques associés à chaque molécule. »
Comparaison de molécules
L’outil Toxibees se présente sous forme d’un moteur de recherche. Après avoir identifié la substance active dans la barre de recherche, vous accédez à son « Toxiscore » (curseur variant de A à E, avec des nuances pour chaque lettre et des notations selon différentes toxicités), des recommandations d’usage et des conseils pour employer d’autres substances de la même catégorie mais d’usage moins dangereux. Il est aussi possible de mettre en comparaison différentes molécules sélectionnées afin de s’orienter sur celle ayant le profil le moins toxique.
Outre la partie « substances actives », la rubrique « Blog » recense les actualités autour des pollinisateurs et des pratiques phytosanitaires, notamment les études scientifiques en lien avec le sujet. L’onglet « Contact » permet d’envoyer ses propositions d’amélioration ou des besoins de corrections de résultats, en sollicitant les experts, indiquent les partenaires. Une V2 est prévue sur Toxibees prochainement, avec un accent mis sur les alternatives. « Désormais, l’enjeu est de communiquer autour de l’outil, pour le faire connaitre et l’utiliser sur le terrain », termine Amélie Bajolet.
