Pour augmenter le taux de matière organique du sol et restaurer la verticalité de sa structure, Thierry Têtu, enseignant-chercheur à l’université de Picardie et agriculteur, conseille de choisir des couverts ayant des effets rhizosphériques importants, en accordant une large place aux légumineuses. Il encourage en outre les agriculteurs à augmenter la densité des semis. "Plus le couvert est dense, plus les racines se touchent et explorent le sol", précise-t-il.
C’est seulement quand ce travail est réalisé, après plusieurs années, qu’il est possible de commencer à se passer d’engrais azotés. Il s’agit alors de réduire les apports de manière très progressive, au fur et à mesure que l’état du sol s’améliore. Le principe consiste à intensifier l’exploitation de la fertilité naturelle du sol.
Les légumineuses élèvent les biostimulants du sol
Les travaux d’exploration de la rhizosphère montrent que les bactéries fixatrices d’azote des nodosités, qui se trouvent sur les racines des légumineuses, ne vivent pas seules. Elles sont accompagnées de plusieurs centaines d’espèces de micro-organismes endophytes.
Thierry Têtu prend pour exemple une culture de trèfle qui serait semée à raison de 15 kg/ha. Les calculs montrent que cela représente 250 millions de nodosités par hectare, soit 2.250 milliards de rhizobiums par hectare et par an. Il en va de même pour les endophytes qui vivent dans les nodosités. Même si leur rôle est encore en cours d’élucidation, Thierry Têtu affirme que "la vraie révolution en agroécologie se trouve dans cette découverte: les légumineuses multiplient les bactéries qui stimulent la croissance des plantes par biostimulation. Cela permet la résistance des cultures au stress hydrique. Et cette dernière est associée à la résistance au stress azoté des cultures". Et c’est la connaissance de ce phénomène qui conditionne le travail grâce auquel il sera possible de se passer d’engrais azotés.
