Moduler le semis de betteraves pour gagner en productivité

La modulation de dose au semis de betteraves optimise la semence en fonction des différentes zones de potentiel de la parcelle. Elle s’accompagne généralement d’un gain de rendement et d’une économie de semence. Photo : Willy Deschamps

La modulation de la dose au semis permet, dès l’implantation, d’adapter la densité par rapport aux hétérogénéités du sol de la parcelle. Outre les économies de semences qui peuvent en découler, il s’agit d’optimiser la dose de semis pour aller chercher le maximum de productivité.

«Dans de bons limons, on sera entre 1,1 et 1,2 unité de semences par hectare (soit 110 000 à 120 000 graines/ha). En sols calcaires, on peut monter jusqu’à 1,3 unité de semences par hectare, commente Pierre Guerreau, responsable expérimentations et projets agronomiques chez Saint Louis Sucre. Compte tenu du prix d’une unité de semences en betteraves, c’est tout de suite 20 à 30 euros/ha qui peuvent être économisés. Durant nos expérimentations, nous avons systématiquement observé un gain de rendement allant jusqu’à 4 %. »

Cartographie et semoir à distribution électrique

Il convient d’utiliser un semoir dont l’entraînement de la distribution est électrique. Il est ainsi possible de faire varier en continu lors du semis la distance entre graines sur le rang. Cet ordre de variation est donné à la machine grâce à des cartes de modulation, qui identifient les zones de potentiel de la parcelle en fonction, notamment, des différentes textures de sol. Cela peut être réalisé par satellite, où les différences de couleurs du sol sont associées à un type de terre puis affectées à une densité de semis. La cartographie peut également être produite en scannant le sol avec un outil tracté derrière un 4x4 ou un tracteur. C’est ce que propose la société Precifield. Alexandre Weil, son directeur, explique : « Nous réalisons quatre types de mesures avec le scanner : la texture du sol, la teneur en matière organique, le pH et la topographie. Deux cartes d’applications, qui permettront la modulation, sont générées à partir de ces quatre données : l’une avec les teneurs en P & K, l’autre avec les zones de potentiel pour la modulation de la densité de semis. La modulation sur nos cartes d’applications varie de 85 000 à 130 000 graines/ha. »

C’est une carte d’application comme celle-ci qui indique au semoir la densité à appliquer en fonction de la zone où il se trouve.

Il constate que la modulation de la densité de semis en betteraves est encore peu pratiquée aujourd’hui. Selon lui, cela peut s’expliquer par l’absence, pour le moment, de cartographie de rendement sur les arracheuses qui affinerait un peu plus le procédé. « Néanmoins, nous avons pas mal de demandes de nos clients à ce sujet. Leur souhait est de déplafonner le rendement et d’optimiser le poste semence, souligne Alexandre Weil. À notre niveau, nous estimons également des gains de rendement jusqu’à 4 % et une économie de semence de l’ordre de 8 à 10 %. » La société a aussi des sollicitations de clients pour moduler la profondeur de semis en parallèle de la modulation de dose. Le but est d’adapter la profondeur au type de sol et aux conditions de l’année. On peut envisager, par exemple, un semis plus profond dans une zone où la réserve utile est plus faible et en cas de printemps sec.

Une démarche à réfléchir sur l’ensemble des cultures

« Acheter un semoir monograine pour faire de la modulation en betteraves n’est pas forcément valable économiquement, estime Pierre Guerreau. Toutefois, l’avantage de ces appareils à entraînement électrique est la possibilité de coupure rang par rang, appréciable notamment en fourrières ou pour les passages de pulvérisateur. » L’investissement uniquement pour la modulation n’est donc pas le plus judicieux au vu du rapport coût/gain de rendement/économie de semences. Il faut également ajouter le coût des cartes de modulation. Precifield annonce un tarif de 110 euros/ha pour une cartographie par scanner. La démarche devient intéressante si elle est raisonnée plus globalement et que l’agriculteur travaille déjà avec de la cartographie pour d’autres productions, ou que son semoir monograine est valorisé avec d’autres cultures.

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