Limaces et couverts végétaux font bon ménage

Colza et féverole ont un impact positif sur la fécondité.

La limace est vorace et pas nécessairement difficile dans son régime alimentaire. Pourvu qu’il y ait quelque chose à se mettre sous « la dent », la limace y va de bon cœur. Ce qui, nous fait nous interroger sur la cohabitation des couverts végétaux et des limaces. Sont-ils des facteurs de risques supplémentaires et comment les gérer ?

«Àpartir du moment où le sol est couvert, il y a un risque supplémentaire d’avoir une population de limace supérieure. Et les études montrent aussi que, plus le garde-manger est fourni, plus elles sont fécondes », introduit Marion Puysservert, responsable technique antilimaces chez De Sangosse.

Le constat est donc sans appel, la présence de couverts végétaux est susceptible d’accentuer le risque de leur présence. Mais leur présence signifie-t-elle nécessairement dégâts supplémentaires ? Nous pourrions tout à fait émettre l’hypothèse que la présence d’un couvert fasse diversion, ainsi la limace serait moins vorace sur les cultures d’intérêt. Mais la limace reste un ravageur complexe. La littérature scientifique est assez peu fournie sur ces questions. Toutefois, une étude suisse menée par Agroscope, l’institut des sciences en durabilité agronomique, sur trois ans entre 2012 et 2014 amène quelques éléments de réponse, notamment sur le niveau d’appétence de certains types de couverts. Les tests ont été réalisés avec la limace grise (Deroceras reticulatum) en conditions extérieures contrôlées. 25 espèces de plantes différentes ont été testées à plusieurs stades. Ce qu’il faut retenir dans un premier temps, c’est qu’un tiers des engrais verts testés présentaient une perte de feuille de l’ordre de 75 à 100 % après dix jours dont le nyger, la vesce velue, le trèfle de Perse, l’avoine rude, la cameline, le seigle fourrager et le trèfle d’Alexandrie. Des espèces comme la serradelle, la phacélie et la moutarde sarepta présentaient des valeurs d’attaque inférieures à 50 % et d’autres, comme l’avoine fourragère, le sarrasin, la moutarde blanche, la féverole commune et le lin cultivé étaient peu voire pas du tout endommagées. Il semble donc que la limace ait quand même quelques préférences. L’étude met en évidence aussi que l’attrait de certains types de couverts peut être modifié par le stade phénologique

Impact sur la reproduction

Des tests de fécondité ont par ailleurs été menés, ainsi le taux de limaces écloses varie en fonction des espèces testées. On retiendra que colza, féverole commune, tournesol, pois cultivés puis dans une moindre mesure la vesce velue ont un impact positif sur la fécondité des gastéropodes. En revanche le niveau de fécondité le plus bas enregistré est observé avec le sarrasin, l’avoine rude et le lin cultivé.  « Dans le cadre d’un projet Casdar, Resolim, nous avions aussi observé une forte sensibilité du colza et du trèfle et qui se traduisait aussi par une prise de poids des limaces », ajoute Marion Puysservert. Globalement, la présence de couverts intermédiaires ou permanents favorise les populations de limace, mais la relation de cause à effet nécessite d’être appréhendée à l’échelle de chaque parcelle. « Évaluer la population par piégeage permet d’acquérir ses propres référentiels, d’appréhender les conditions dans lesquelles on a des dégâts et d’établir sa propre stratégie en fonction du contexte. D’ailleurs, la problématique des couverts commence à être déployée à travers l’observatoire de De Sangosse », ajoute la responsable.

Réfléchir aux modalités de destruction du couvert

Dans le cas de couverts intermédiaires entre deux cultures, si leur présence est susceptible de contribuer à une augmentation des populations de limaces, il faut réfléchir à leur destruction qui peut être envisagée comme un premier levier de lutte. « Une destruction mécanique permet de limiter le risque, dans la mesure où le travail du sol permet de détruire les habitats des limaces. Ce qui est important en second lieu, c’est la date de destruction. Détruire précocement permet de priver la limace de sources de nourriture. Mais qui dit qu’elle ne reviendra pas encore plus affamée au moment des semis ? », explique Marion Puysservert. Il faut vraiment chercher à travailler sur tous les tableaux.

Dans le cas de couverts permanents, les observateurs notent qu’une plus grande diversité d’espèces cohabite sur la parcelle. « Il est établi que les limaces consomment en permanence, mais qu’elles peuvent être moins gênantes dans la mesure où elles ont une plus grande diversité de ressources alimentaires. Les couverts permanents contribuent à un certain équilibre de l’agrosystème, la plus grande diversité d’espèces présentes implique aussi celle de la faune auxiliaire », poursuit la spécialiste avant d’indiquer quelques préconisations. « Dans le cas de couverts permanents, il est recommandé de faire de l’application d’antilimaces sur le rang au moment du semis. Imaginez-vous à la place de la limace, la présence du couvert, c’est un comme se retrouver dans une jungle. Il faut donc, avec des solutions adaptées en termes de granulométrie, positionner le produit au plus près de la culture. Nous proposons deux solutions pour cet usage spécifique, un produit conventionnel et, depuis très récemment, un produit de biocontrôle. » Couverts intermédiaires ou permanents et limaces peuvent faire bon ménage, mais ce n’est pas irrémédiable. Le choix du couvert, le piégeage, le mode et la date de destruction et des méthodes adaptées de lutte permettent une protection efficace des cultures.

 

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