Les instituts techniques et les organismes de recherche travaillent sur la sélection génétique et sur l’évaluation variétale pour proposer des variétés mieux adaptées aux changements climatiques, avec la prise en compte de la précocité ainsi que des critères de résistance aux maladies et au stress hydrique.
"La génétique fait partie des leviers pour proposer des variétés qui s’adaptent mieux au changement climatique. Cependant, il convient de bien caractériser les stress et l’environnement dans lequel la variété est étudiée dans les essais, car les interprétations sont adaptées à une situation donnée", précise Jean-Pierre Cohan de l'institut Arvalis lors d’un webinaire organisé par Agreenium sur l’évolution des critères de sélection génétique en grandes cultures. Pour travailler sur la caractérisation de scénarios, il précise qu’il convient d’utiliser des modèles climatiques fiables.
Le but des instituts techniques est d’aboutir à un classement variétal objectif pour répondre à la demande des producteurs. C’est dans ce cadre qu’Arvalis a développé un outil permettant à l’agriculteur de comparer les variétés d’une même culture. Il peut aussi sélectionner plusieurs critères (rendement, qualité, tolérance aux stress biotiques et abiotiques, etc.) dans un contexte climatique précis.
"À l’échelle mondiale, de nombreux champs présentent aujourd’hui les conditions de demain de notre territoire français, souligne François Tardieu, chercheur à l'Inrae. Il faut donc sélectionner les essais dans des milieux où la sécheresse et la température sont élevées pour anticiper nos besoins." Jean-Pierre Cohan précise "qu’il faut aller plus vite dans l’acquisition de références et utiliser toutes les nouvelles technologies comme le phénotypage numérique par capteur."
Il n’existe pas de gène de tolérance à la sécheresse
"La génétique de sécheresse" consiste à trouver des solutions pour que la plante continue de produire tout en utilisant moins d’eau. Pour ce faire, les chercheurs travaillent sur la durée de son cycle ainsi que sur la date de semis. Ils cherchent également à identifier le meilleur compromis pour que la plante produise de la photosynthèse tout en étant moins exposée aux risques de sécheresse ou d’excès d’eau en fin de cycle.
"Il n’existe pas de gène de tolérance à la sécheresse, indique François Tardieu. Tout dépend de l’environnement dans lequel la variété est étudiée. Elle peut très bien réagir face à la sécheresse dans un secteur et ne pas avoir le même comportement dans un autre. En revanche, en sélection, il est possible d’obtenir une plante avec une faible transpiration nocturne pour conserver l’eau en fin de cycle à travers l’identification de gènes. Il est à préciser également que les variétés anciennes, souvent considérées comme plus résilientes que les variétés nouvelles, ont des allèles intéressants pour leur goût, mais pas pour leur adaptabilité climatique."
La connaissance des caractéristiques variétales est essentielle pour composer un mélange
"Sur une exploitation, la diversification des variétés, avec des profils de précocité différents, et de stress est une des clés de l’adaptation, précise Jean-Pierre Cohan. Toutefois, une connaissance fine des caractéristiques individuelles de chaque variété prévue dans un mélange est indispensable." Il n’existe pas de règles d’assemblage précises, uniquement des préconisations basées sur des considérations techniques, économiques et logistiques pour optimiser les chantiers de récolte. De leur côté, certains distributeurs agricoles pratiquent leurs expérimentations locales pour proposer leur propre mélange variétal avec une qualité boulangère qui correspond à leur besoin.
