En 2022, 17,5 % de la sole de blé tendre d’hiver française étaient consacrés à des mélanges variétaux. Un chiffre significatif pour une pratique dont les règles d’assemblage sont encore rares.
Les mélanges de variétés de blé sont identifiés comme une pratique prometteuse permettant de diversifier les peuplements cultivés dans le cadre de la transition agroécologique. Leur premier objectif est de freiner la propagation des maladies de la céréale.
Toutefois, la performance de ces mélanges reste très variable en raison d’interactions plante-plante mal connues. C’est pourquoi Meije Gawinowski a consacré une partie de sa thèse à étudier les phénomènes qui entrent en jeu lorsque qu’un agriculteur mélange plusieurs variétés de blé. Elle a présenté les résultats obtenus le 10 mars 2023.
Le tallage, principal facteur explicatif
Il est difficile d’évaluer les performances des mélanges variétaux, car de très nombreux critères entrent en jeu. De l’aveu même de la doctorante, « les rendements observés en mélange sont très variables et différents de ce que nous pouvions attendre en théorie. Cela s’explique en partie par une différence de comportement de chaque variété en pure et en mélange. Il s’agit de la plasticité phénotypique. » C’est la capacité d’une plante à se comporter différemment en fonction de son environnement.
Par des essais au champ, il a pu être observé que certaines variétés prennent le pas sur les autres au sein d’un mélange. La dynamique de tallage des variétés semble être la variable sur laquelle se joue ce phénomène.
Les variétés qui ont tendance à dominer le mélange en fin de cycle semblent être moins sujettes à la régression de talles que les autres, indique Meije Gawinowski. Cela explique qu’elles soient mieux représentées au moment de la récolte. Pourtant, menées en pure, les variétés du mélange ne montraient pas de différence significative dans leur dynamique de tallage.
Ainsi, c’est bien la concurrence et la plasticité phénotypiques de certaines d’entre elles qui expliquent les résultats en mélange.
La précocité des variétés a également été mise à l’épreuve, tout comme leur hauteur. Dans les deux cas, il a été montré que les plus précoce et les plus hautes ne sont pas forcément les variétés dominantes des mélanges. Ces deux critères ont donc moins d’impact sur le résultat à la récolte.
