Les auxiliaires sont-ils le dernier recours face aux insectes d’automne du colza ?

Les tersilochus sont capables de pondre leurs œufs dans les larves de grosse altise à travers la tige de colza. Crédit : happyculteur/Adobe Stock

Les altises d’hiver et le charançon du bourgeon terminal occasionnent des dégâts très importants sur le colza. Les résistances aux pyréthrinoïdes toujours plus fortes et l’interdiction récente du phosmet laissent les colzaïculteurs sans la moindre solution curative efficace à l’automne.

Pour ce qui est des pratiques agronomiques, le projet Outillage a donné les moyens au réseau Berry de construire un tableau de bord "Obtenir un colza robuste" donnant à chaque agriculteur des points de repère pour cultiver un colza robuste face à ces bioagresseurs.

Céline Robert, chargée d'études ravageurs des cultures et faune auxiliaire au sein de Terres Inovia, en cite quelques-uns lors du webinaire "Colza et Agroécologie" organisé par BASF: "À partir du stade 4 feuilles, le colza peut faire face aux prélèvements sur ses feuilles par les altises. C’est pourquoi, il est important qu’il atteigne ce stade avant l’arrivée de l’insecte dans la culture. Un colza vigoureux pesant 40 à 45g/plante à la mi-novembre est aussi un bon indicateur d’un colza robuste, soit 1,2 à 1,5 kg/m2 pour 30 plantes. Un poids de cultures associées légumineuses supérieur à 200g/m2 en entrée d’hiver est aussi un indicateur positif." Il a pu être observé qu’une conduite innovante du colza non traité insecticides à l’automne donne un rendement équivalent, voire supérieur, à un colza conduit "classiquement".

Des auxiliaires prêts à parasiter les ravageurs

Au-delà d’induire un colza robuste, les pratiques préconisées pour la conduite innovante de l’oléagineux ont un effet sur les auxiliaires de la culture, notamment les insectes parasitoïdes de ces ravageurs.

Johanna Villenave-Chasset, l’entomologiste du laboratoire Flor’insectes, précise: "Tous les insectes ravageurs des cultures connaissent au moins un, voire plusieurs insectes parasitoïdes de leur espèce. Pour l’altise d’hiver, il s’agit des tersilochus. Au début des années 2000, les tersilochus parasitaient jusqu’à 60% des larves de grosse altise, ce qui offrait une véritable régulation naturelle. Le taux de parasitisme est descendu à 5% environ sans trop en connaître les raisons. L’objectif est de revenir au taux connu il y a une vingtaine d’années. Tout n’est pas perdu, car en 2021, le taux de parasitisme a pu être mesuré à 15% au 11 mars et 35% au 1er avril dans des parcelles suivies."

Piquer les larves de grosse altise à travers la tige du colza

Concrètement, les tersilochus, dont la famille se compose de différentes espèces, émergent du sol en hiver, et leur vol s’étale sur les mois de février, mars et avril. Une fois qu’ils sont en capacité de voler, ils recherchent les larves de grosse altise. Ils sont alors capables de percer à la fois la tige du colza et la larve de l’insecte pour pondre à l’intérieur. Une fois l’œuf dans la larve, il éclôt et consomme l’intérieur de la nymphe – stade de développement de l’insecte ravageur dans le sol. Un tersilochus émerge alors au cours de l’hiver suivant plutôt qu’une altise au printemps.

Pour favoriser ces insectes parasitoïdes, "il est évident qu’il faut éviter toute intervention insecticide durant leur période de vol", annonce l’entomologiste. Aussi préconise-t-elle de semer des fleurs dans la parcelle de colza ou en bordure avec une date de floraison précoce (phacélie, vesce, trèfle incarnat, etc.). À l’encontre de toutes les préconisations classiques, elle invite à semer les colzas dans une parcelle voisine à un colza récolté récemment. Cette stratégie permet au tersilochus de migrer d’une parcelle à l’autre, à condition que le travail du sol dans le précédent colza ne soit pas trop agressif. Exit donc le labour. Les plantes associées au colza sont ainsi favorables aux insectes parasitoïdes. Un taux de parasitisme des larves de grosse altise significativement plus élevé avec la féverole comme plante associée au colza a, par exemple, pu être mesuré.

Les carabes friands de larves de grosse altise

Pour ne pas attirer l’attention seulement sur les tersilochus et, de manière plus générale, sur les insectes parasitoïdes, Johanna Villenave-Chasset cite l’action des carabes sur la grosse altise. Ces derniers sont en effet capables de dévorer les larves tombées au sol avant que celles-ci n’entament leur cycle dans le sol. Et les larves de carabes peuvent aussi s’attaquer aux nymphes d’insectes dans le sol. Une brique supplémentaire à toutes celles que les agriculteurs peuvent mettre en place de leur côté.

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