L’effet allélopathique des couverts végétaux n’est pas à négliger

Agroscope a mené des essais pour vérifier si l’ombrage créé par le couvert végétal est la seule explication au moindre développement des adventices. Photo : Agroscope

Un couvert se doit de pousser vite et fort pour espérer contrôler les adventices d’une parcelle. Et si sa biomasse n’était pas la seule raison de son efficacité ? Et si certaines espèces, ne serait-ce que par leur présence, favorisaient le contrôle des adventices ?

Il est reconnu qu’un couvert végétal a un effet dépréciatif sur le développement des adventices dans une parcelle. "La biomasse des adventices est inversement proportionnelle à celle du couvert végétal, note Aurélie Gfeller d’Agroscope, qui étudie particulièrement l’allélopathie. Il existe un lien linéaire entre ces deux types de biomasse jusqu’à ce que la biomasse du couvert atteigne 3 tMS/ha. Au-delà, le couvert végétal aura le même effet sur la population d’adventices quelle que soit sa biomasse." La chercheuse d’Agroscope se demande alors si l’ombrage créé par le couvert est le seul ou le principal facteur explicatif.

Les plantes se comportent différemment en fonction de leur voisinage

Des essais menés sur l’efficacité de plusieurs espèces de couvert végétal (sarrasin, avoine rude, radis chinois et phacélie) vis-à-vis de l’amarante montrent que ce n’est pas nécessairement l’ombrage qui fait la différence. "Que l’ombrage soit fort ou léger – à biomasse de couvert équivalente, un dispositif expérimental a été mis en place pour moduler l’ombrage au sol – l’efficacité des couverts végétaux testés reste similaire", annonce Aurélie Gfeller. Ainsi, l’ombrage n’est pas le seul facteur explicatif de l’efficacité d’un couvert végétal sur le développement des adventices. La chercheuse parle alors d’allélopathie.

Une série d’essais lui a permis de mettre en évidence une interaction des plantes dans le sol. Ces essais ont été menés avec d’un côté du sarrasin et de l’autre de l’amarante. L’hypothèse de départ : une plante signale sa présence à sa voisine grâce au vecteur sol. Et cela se révèle exact : "Les exsudats racinaires du sarrasin ne comptent pas moins de 3 000 molécules chimiques différentes, dénombre la spécialiste. La composition chimique des exsudats racinaires du sarrasin qui a poussé seul est différente de celle d’un sarrasin qui a poussé en présence d’amarante. Nous avons également pu mettre en évidence que les exsudats racinaires du sarrasin qui a poussé seul n’ont aucun effet sur le développement de l’amarante, au contraire des exsudats racinaires du sarrasin ayant poussé en présence d’amarante qui, eux, ont un effet dépréciatif sur la biomasse racinaire et aérienne de cette dernière."

Un riz exterminateur du panic pied-de-coq

Si un comportement similaire a été observé avec de l’avoine, la chercheuse précise bien que cette approche reste descriptive et encore loin d’être fonctionnelle. Cela étant dit, elle avance l’exemple d’un riz allélopathique (le riz Huagan-3). Ce riz a la faculté d’empêcher le développement de l’adventice panic pied-de-coq à sa proximité. Une application concrète qui laisse entrevoir de belles perspectives pour l’allélopathie dans le futur.

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