Le vulpin met la pression toute l’année

Le changement climatique, entre autres raisons, impose de modifier la stratégie de lutte contre le vulpin. © Crédit photo : Pixel6TM
Le vulpin est en capacité de lever durant toute l’année ou presque, ce qui doit modifier les stratégies de lutte contre cette adventice.
 

Quelles sont les conditions de germination du vulpin ? Le vulpin est l’une des adventices affichant les conditions les moins restrictives pour déclencher la germination de ses graines. Marie Flament, cheffe de projet au sein d’Agro Transfert RT, en précise le contour lors d’un webinaire intitulé « Lutte contre le vulpin et changement climatique : adapter les stratégies pour continuer à le maîtriser » :

  • la température minimum de germination des graines de vulpin est de 0 °C, soit la plus faible de toutes les adventices ;
  • le potentiel hydrique doit s’approcher de 1,53 MPa, il est parmi les plus faibles recensés.

Pourquoi le vulpin est-il aussi présent ? Les graines d’adventices subissent des attaques chimiques et une prédation dans le sol.  La majorité des graines du vulpin perdent leur faculté germinative au bout de trois campagnes. Cela s’explique par la finesse de l’enveloppe de sa graine. Ainsi, la stratégie du vulpin repose sur…

  • La production abondante de graines : un pied de vulpin peut en produire plus de 3 000.
  • De faible restriction de germination pour entretenir le stock semencier dans le sol.

Toutes les graines germées génèrent-elles une plante ? Toute germination d’adventice, y compris le vulpin, est nécessairement précédée d’une levée de la dormance des graines. «Dans les systèmes agricoles, c’est principalement le travail du sol qui jouent ce rôle. C’est le déclencheur de la germination», précise Marie Flament. Mais cela ne signifie pas nécessairement levée des graines. Toutes les conditions doivent être réunies :

  • les conditions de sol doivent être favorables à la germination (humidités, températures, etc.) ;
  • les graines ne doivent pas être enterrées trop profondément, auquel cas elles germent mais ne lèvent pas ;
  • la structure du sol ne doit pas empêcher la plantule d’émerger.

Courbe préférentielle de levée de vulpin durant l'année. Agro-Transfert RT

Pourquoi voit-on lever du vulpin à des période de l’année où il n’était pas visible avant ? Au cours du webinaire, Marie Flament avance comme une explication parmi d’autres que « la pression du vulpin allant en augmentant, nous pouvons légitimement soupçonner que des pieds de vulpin étaient déjà présents aux mêmes périodes, mais celui-ci passait inaperçu, car sa présence se résumait à quelques pieds uniquement ».

Mais d'autres raisons peuvent également l'expliquer, parmi lesquelles le changement climatique. En effet, il induit des températures moyennes plus élevées, modifiant les conditions de levée de dormance.

  • Auparavant, deux pics de levée du vulpin étaient observés : un premier à l’automne et un second au printemps. Entre, il n’y avait quasiment aucune levée.
  • La courbe de levée du vulpin a été actualisée avec les données météorologiques des dix dernières années. Il apparaît que le pic de levée de l’automne est moins intense, mais que les levées s’échelonnent durant toute l’année ou presque, et très tardivement à cette saison.
  • On constate aussi des variabilités météorologiques interannuelles davantage marquées.

Enfin, des évolutions, dans les pratiques culturales notamment viennent impacter le comportement du vulpin.

  • La réduction du travail du sol, l’augmentation de la fertilisation azotée minérale, des dates de semis plus précoces peuvent modifier le comportement du vulpin.
  • Le changement des programmes herbicides sur céréales d’hiver, qui étaient auparavant souvent basés sur des interventions de printemps, et le sont aujourd’hui davantage à l’automne, voire exclusivement pour certains secteurs.

Comment adapter les leviers agronomiques ? La technique des faux semis est de plus en plus difficile à positionner pendant les étés présentant des sécheresses agronomiques parfois sévères, au risque même de voir le vulpin lever simultanément à la culture. Bastien Boquet, ingénieur d’étude au sein d’Agro-Transfert RT propose une approche paraissant contre-intuitive à première vue :

  • En conditions sèches, il préconise de privilégier le labour juste avant le semis afin d’enfouir la majorité du stock grainiers de vulpin en dessous de sa profondeur préférentielle de germination et de levée. Soit sous 7 à 8 cm de terre au minimum. Cela minimise le risque de levée en même temps que la culture.
  • En condition humide, il penche davantage pour du travail superficiel du sol permettant d’assurer des faux semis efficaces et donc de réduire le stock grainier de l’adventice ;
  • À moyen terme, dans les parcelles à forte pression vulpin, il pense que la succession de plusieurs cultures de printemps et d'été, au moins deux, voire 3 ou 4, participe à réduire la pression pour la culture d’automne semée ensuite.

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