Le colza impacté durement par le changement climatique

Le colza est durement impacté par le changement climatique.

Le colza est durement impacté par le changement climatique.

Crédit photo Gozzoli
Le colza subit déjà le changement climatique. Et cela devrait s’accentuer dans les années à venir. Aurore Baillet, ingénieur régionale de Lorraine de Terres Inovia, l’a montré lors d’une session des jeudis de TI organisés à ce sujet le 24 septembre.

En réalité, les spécialistes affirment qu’avec la hausse des températures depuis la fin des années 1980, le réchauffement climatique impacte déjà le colza, souligne Aurore Ballet, ingénieur régionale de Lorraine de Terres Inovia. Les rendements sont ainsi plus dispersés.

Tout n’est pas négatif. Des hausses de températures à l’automne peuvent avoir un effet positif, d’abord sur la croissance aérienne et racinaire et sur l’initiation foliaire au printemps. Dans un sol bien fertilisé et pour des semis précoces, ces hausses de températures peuvent se traduire par des colzas robustes.

Les risques de gel hivernal diminuent. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les températures douces hivernales n’ont pas d’impact sur la vernalisation du colza, nécessaire à sa floraison (accumulation de températures inférieures à 17 °C).

Impact chiffré des hausses de températures

Mais elles en ont un sur la précocité de la reprise et de la montaison. En 10 ans, l’apparition des boutons floraux est avancée de 10 à 20 jours (21 jours en Bourgogne et Lorraine, 10 jours en région Centre, 17 jours en Poitou-Charentes). Or cette évolution peut avoir un impact négatif sur la culture : sensibilité au gel printanier, exposition au charançon de la tige et aux méligèthes (surtout en région septentrionale).

Si le changement climatique n’a pas d’incidence au final sur la formation des grains, les températures élevées supérieures à 29 °C agissent sur le remplissage des grains en lien notamment avec la diminution de l’efficacité de la photosynthèse.

>>> Ainsi précise Aurore Baillet :

« La perte de rendement due aux élévations de températures moyennes entre le 10 mai et le 10 juillet est de 2 q/ha par degré  supplémentaire sur cette période. »

À noter que l'élévation de température sur cette période a été en moyenne de 2 °C en 45 ans. 

Augmentation de la sécheresse des sols

Le changement des fréquentations des pluies a aussi de fortes incidences sur la culture.

Le cumul des pluies reste identique sauf qu’avec la montée des températures, les évapotranspirations sont plus fortes et cela augmente la sécheresse des sols, notamment en août. Les conséquences pour la culture sont évidentes aujourd’hui et même dramatiques pour certains secteurs comme en Lorraine où les implantations deviennent très difficiles. Aussi l’adaptation a déjà commencé. Terres Inovia recommande de préparer le sol dès la récolte du précédent, de semer dès qu’une pluie est annoncée.

>>> Aurore Baillet rappelle:

« Les faibles précipitations au printemps entraînent une mauvaise valorisation des engrais azotés et soufrés. Il est préférable de privilégier les formes les moins volatiles. »

Le colza est capable de supporter des stress hydriques sauf entre le début floraison (F1) et le stade G4 (apparition des premières siliques). Le nombre de grains et le poids de mille grains en sont affectés. Qualité de l’enracinement, précocité variétale et irrigations sont les seuls leviers actuels pour y faire face. 

« Un apport de 100 mm en début floraison peut faire gagner 8 q/ha », souligne Aurore Baillet.

Le changement climatique modifie aussi la qualité des grains (moins d’oméga-3, augmentation de l’acide oléique, modification des acides aminés essentiels, baisse possible des protéines).

Incidence variable sur les  bioagresseurs

Les données scientifiques concernant les prédictions des précipitations, de l’humidité du sol, de l’humidité relative ne sont pas encore assez précises pour aborder avec assurance les impacts du changement climatique sur les bioagresseurs du colza. Néanmoins Terres Inovia donne quelques éléments :

  • phoma : avis divergent sur son impact;
  • sclérotinia : impact neutre;
  • verticilliose : maladie favorisée par le changement climatique;
  • alternaria : maladie favorisée par le changement climatique;
  • insectes : hausse de leur développement (grosse altise, charançon de la tige du chou…).

La robustesse du système en danger

Quelques solutions pour limiter l’évolution du climat ont été évoquées comme l’association du colza avec une légumineuse pour réduire la pression des ravageurs. Selon Aurore Baillet, le colza est fragilisé dans certaines régions. Les agriculteurs tentent de trouver des cultures de remplacement pour cette culture bénéfique agronomiquement et financièrement.

C’est toute la robustesse du système qui est fragilisé, pas seulement le colza.

Terres Inovia estime que, pour ces prochaines années, les surfaces en colza ne vont pas retrouver les niveaux de 2017. Le colza stagnera-t-il à 1 million d’hectares ?  

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