La méthanisation en agriculture biologique a tout son sens

À ce jour, 346 installations injectent du gaz dans les réseaux français dont 140 mises en service en 2021. Les chiffres devraient être identiques pour l’année 2022. Photo : creativenature.nl

Méthanisation et agriculture biologique sont-elles compatibles ? Pour répondre à cette question, Solagro a effectué des études bibliographiques et des entretiens avec une vingtaine de professionnels, agriculteurs et acteurs de la filière.

D’après les résultats des recherches réalisées par Solagro, la méthanisation, grâce à l’épandage de son digestat, augmente le rendement des grandes cultures bio de 20 à 25%. Elle permet également de valoriser des fourrages et des couverts, sans faire concurrence à l’alimentation animale. Elle offre des vertus agronomiques puisqu’elle nécessite la production de cultures intermédiaires qui, si elles sont maintenues le plus longtemps possible, contribuent à limiter l’érosion du sol et à servir d’habitat naturel à la biodiversité.

Les résultats des études indiquent également que la méthanisation améliore la rentabilité des exploitations et les rend plus autonomes d’un point de vue énergétique. En effet, elles peuvent valoriser la chaleur issue de la cogénération pour chauffer des bâtiments ou sécher les fourrages. Ainsi, le recours aux énergies fossiles est réduit et les émissions de gaz à effet de serre sont diminuées. «Les agriculteurs méthaniseurs restent les principaux producteurs de gaz issu d’énergie renouvelable, indique Vincent Jean-Baptiste, responsable des affaires agricoles chez GRDF. À l’horizon 2050, nous projetons qu’il n’y ait plus que ce genre de gaz qui transite dans les réseaux français.»

Valoriser tout ce qui est possible

La méthanisation a aussi tout son sens en agriculture biologique (AB) et apporte de multiples services. «Le digestat issu de la méthanisation, s’il est uniquement composé de matières autorisées en AB (matière végétale non transformée d’origine agricole ou agroalimentaire, effluents d’élevage non industriels, etc.) est une aubaine en matière de fertilisation pour les producteurs bio», indique Céline Laboubée, ingénieur chez Solagro.

C’est ce que confirme Éric Doyen, agriculteur bio et éleveur de vaches laitières dans la Meuse. Il dispose d’une unité de méthanisation mise en service en 2013. Depuis qu’il épand du digestat, il constate une amélioration des résultats de son exploitation. «Avec ce produit organique, nous rapportons au sol ce que nous lui avons enlevé, explique l’agriculteur. C’est un produit sain et complet puisqu’il apporte d’autres éléments que les NPK habituels.» Éric Doyen apporte 60 à 62 % de fumier ou de lisier dans la ration alimentaire du digesteur, le reste étant constitué de biomasse de prairies naturelles, de CIVE (culture intermédiaire à vocation énergétique) et des couverts qu’il peut valoriser. Pour lui, méthanisation et agriculture biologique sont compatibles. Souvent, il entend dire que ce système est contradictoire : comment faire en sorte que les vaches pâturent et qu’il soit possible de récupérer leurs effluents ? À cette question, il répond : «Je reste éleveur avant tout et ma priorité est la rentabilité économique de cet atelier. Il faut faire le calcul. Dans mon cas, j’essaye de valoriser au mieux les pâtures, quitte à réduire la quantité de fumier apporté au digesteur.»

«La méthanisation, si elle améliore l’autonomie en fertilisants ainsi que la qualité et la production des fourrages et des cultures, reste malgré tout confrontée à des freins : contexte économique actuel peu favorable, réglementation sur l’hygiénisation des effluents agricoles contraignante, inacceptabilité sociale, etc.», conclut Solagro.

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