La LiFoFer pour stocker plus de carbone et d’eau dans les sols

Deux polyculteurs éleveurs du sud de l’Indre testent la LiFoFer ou litière forestière fermentée sur leurs cultures mais aussi dans la litière de leurs animaux. Accompagnés par leur négoce, l’entreprise Dupré-Lardeau, ils souhaitent redynamiser la vie du sol, pour stocker davantage de carbone et d’eau, au bénéfice des cultures, tout en réduisant engrais de synthèse et produits phytosanitaires.

Sur leurs 280 ha de SAU au sud de l’Indre, dont 120 ha de cultures et le reste en prairies, Jean-François et Régis Feignon testent depuis l’an dernier la LiFoFer ou litière forestière fermentée. Et s’ils n’ont pas encore de retours chiffrés pour appuyer leurs résultats, ils semblent déjà convaincus par la technique. En enrichissant leur sol en micro-organismes indigènes - bactéries photosynthétiques, fixatrices d’azote ou acidolactique ; levures ; champignons - le but est de favoriser la croissance et la santé des plantes.

Nous sommes en agriculture de conservation des sols depuis 10 ans, et avons arrêté les insecticides, et quasiment l’ensemble des fongicides et anti-limaces, explique Jean-François Feignon, installé sur la commune de Rivarennes avec son frère, dans le PNR de la Brenne. La LiFoFer est une suite logique, avec une vision d’ensemble pour redonner de la vie au sol, et limiter les intrants extérieurs, au bénéfice des cultures.

Jean-François et Régis Feignon, agriculteurs à Rivarennes (Indre), se sont mis depuis 2022 à la LiFoFer. Photo O.Lévêque/pixel6TM

 

Espérer des économies d’intrants

C’est leur technicien Nicolas Lemane, du négoce local Dupré-Lardeau, qui les a initiés à la LiFoFer, au sein du groupe 30 000 qu’il anime depuis quelques années. Une 10aine de producteurs se sont ainsi penchés sur la technique.

Sur notre secteur, avec des terres à faibles potentiels, l’heure est à l’économie et aux solutions alternatives, explique-t-il Notre objectif est de travailler sur des méthodes capables d’améliorer la vie des sols et leur minéralisation, pour au final réduire les apports de fertilisant et de produits phytosanitaires de synthèse.

Nicolas Lemane et Jean-François Feignon, satisfaits de leur préparation de Lifofer. Photo O.Lévêque/Pixel6TM

Très ludique

Derrière le travail sur la LiFoFer, l’enjeu est aussi que les agriculteurs se réapproprient leurs pratiques autour de la fertilisation et la protection des cultures, en étant moins dépendants d’achats extérieurs. « C’est très ludique, les agriculteurs du groupe apprécient ces échanges, et cela redore leur image », poursuit le technicien.

L’an dernier, Jean-François Feignon a préparé 5 unités de 1 000 l de LiFoFer, pour appliquer sur ses grandes cultures, ses prairies, mais aussi sur des bottes de paille dédiée à la litière des animaux pour améliorer la décomposition des pailles et réduire les rejets d’ammoniac.

L’objectif est de limiter les phénomènes d’oxydation, pour aller vers un milieu plus réduit favorable aux plantes. Avec l’ACS et la LiFoFer, l’enjeu est d’accroître le stockage du carbone dans le sol, et d’améliorer la rétention en eau pour les cultures, mais aussi favoriser une autofertilité pour se passer d’engrais chimiques.

Préparation de la phase solide dans un bidon. Photo O.Lévêque/Pixel6TM

Phases solides et liquides

Pour réaliser la préparation, la première étape est de réaliser la phase solide (prémix) :

  • prélever 12 kilos de litière forestière locale en cours de décomposition (mince couche entre les débris organiques de surface et l’humus décomposé),
  • mélanger à du son de blé (16 kg), du petit-lait (4 l), de la mélasse de canne à sucre (4 l ou 1,6 kg de sucre roux), et de l’eau non chlorée (5 à 20 litres)
  • mettre la préparation en fermentation anaérobie et à l'abri de la lumière 20 à 30 jours autour de 25 °C dans un bidon de 60 l fermé, avec un tuyau de dégazage placé dans une bouteille d’eau pour éviter l’entrée d’oxygène dans le bidon. Réaliser idéalement cette phase l’été).

Préparer ensuite la phase liquide dans une cuve de 1000 l :

  • mettre la LiFoFer précédemment préparée dans un sac en toile de jute,
  • mettre à infuser avec 40 l de mélasse et 40 l litres de petit lait complété avec de l’eau non chlorée.
  • Au bout d’une semaine à 25 °C, en fermentation anaérobie, la préparation peut etre prête à l’application, ou conservée plusieurs mois pour un pH de 3,5

La LiFoFer peut etre remise à infuser 4 fois, dans 4 cuves de 1000l successives, avec à chaque fois du petit lait et de la mélasse. La solution obtenue est alors diluée à 5-10 % dans le pulvérisateur pour être appliquée sur les cultures, les chaumes ou les couverts.

« L’idéal est d’apporter cette solution en saison poussante, au-dessus de 12 °C et à la nuit tombée, pour que les microorganismes agissent positivement sur la plante et son environnement », termine Jean-François Feignon, qui poursuit ses essais, en pratiquant systématiquement une comparaison à un témoin sans LiFoFer et un témoin à double dose, pour observer les effets.

 

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