Contrairement à ce que l’on peut nous laisser croire, les tassements de sols ne dépendent pas uniquement de la taille des pneumatiques et de leur pression de gonflage. L’approche est bien plus complexe pour éviter les tassements de surface et en profondeur. Il faut parfois même savoir arbitrer entre les deux… et le plus souvent faire en sorte de minimiser celui de l’horizon pédologique.
Plusieurs facteurs déterminent l’intensité et la profondeur d’un tassement en surface comme en profondeur comme cela l'a été illustré lors du colloque de clôture du projet Sol-D’Phy « Comment diagnostiquer et lutter contre les tassements » qui a eu lieu le 11 septembre 2018 à Villequier-Aumont dans l’Aisne. Sans donner plus d’importance à l’un ou à l’autre, on peut les lister :
• L’humidité du sol est un facteur qui influence fortement le tassement. Agro-Transfert RT a pu mettre en évidence que « l’augmentation de l’humidité du sol en profondeur accroît la profondeur atteinte par le tassement ». Un sol sec a tendance à ne pas subir de tassement en profondeur. Cependant, il n’existe pas encore de moyen facile pour déterminer le taux d’humidité d’un sol qui permettrait le déclenchement d’une intervention ou non.
•Le type de porosité initiale dont on distingue trois grandes catégories. La porosité d’assemblage qui est le résultat du travail du sol, la porosité fissurale obtenue le plus souvent par les failles de retrait du sol et la porosité tubulaire qui correspond aux galeries de vers de terre et des racines. La première est celle qui subit le plus les effets du tassement.
• La charge à l’essieu est sans doute le paramètre qui va le plus influencer la profondeur d’un tassement. À humidité en profondeur égale, l’augmentation de la charge à l’essieu accroît la profondeur atteinte par le tassement. L’enjeu ici est d’éviter des charges trop lourdes pour limiter la profondeur d’un tassement. Il est important de garder en tête qu’à condition de sol identique, les tassements de profondeur sont uniquement liés au poids à l’essieu. Les pneumatiques et leur pression de gonflage n’y changeront rien. L’effet des pneumatiques n’est visible que dans l’horizon travaillé. La taille et la pression des pneumatiques ont un effet sur la densité apparente de l’horizon travaillé. Plus la contrainte au sol – comprendre la pression exercée sur le sol par centimètre carré – est faible, moins l’empreinte du matériel sera marquée en surface. Afin de corroborer ces résultats, Agro-Transfert RT a pu mettre en évidence qu’à matériel équivalent – dans leur cas des arracheuses intégrales à betteraves – l’effet bénéfique des chenilles est principalement observé en surface. Avec peu d’effet significatif positif en profondeur.
• La répétition des passages de roue a à la fois un effet sur le tassement profond et superficiel. Les équipes d’Agro-Transfert RT ont vérifié qu’à poids total égal (45 t), un ensemble tracteur-benne à trois essieux (9 t/essieu) augmente l’intensité du tassement de surface jusqu’à une quinzaine de centimètres par rapport à une arracheuse automotrice de pommes de terre (24 t/essieu). Si cette dernière tasse moins en surface, elle a tendance à tasser bien plus profondément.
Claire Turillon, ingénieure au sein d’Agro-Transfert RT, estime toutefois « qu’un tassement modéré sur l’ensemble de la surface n’est pas toujours moins néfaste qu’un tassement sévère localisé. En effet, un tassement continu en profondeur peut limiter les zones refuges indemnes de tassement et ainsi pénaliser l’enracinement en profondeur des cultures ». La question se pose principalement pour les chantiers d’arrachage de betteraves où se pose parfois la question de l’évolution de l’arracheuse en crabe ou en ligne. La logique voudrait qu’une conduite en ligne soit adoptée en condition humide et en crabe en condition sèche.
