Fortunes diverses selon la maîtrise du couvert

Le blé peut tirer des bénéfices du couvert de légumineuses, si ce dernier est maîtrisé

 

Pas d’impact significatif des couverts sur le rendement blé, c’est ce qui ressort de la dizaine d’essais menés sur ce sujet par Arvalis - Institut du Végétal, depuis 2009. Si les couverts et plantes compagnes ont souvent présenté des bénéfices agronomiques comme l’étouffement des adventices, la structuration du sol, la lutte contre l’érosion, la fixation de l’azote pour les légumineuses, le stockage de carbone ou encore la stimulation de l’activité biologique, leurs effets sur le rendement étaient encore à démontrer.

Pour réaliser ces mesures, l’institut a élaboré deux protocoles de conduite des couverts implantés dans la culture précédant le blé tendre d'hiver. Ces plantes compagnes (luzerne et trèfle) ont été semées de quelques mois à plus d’un an avant le semis du blé, en association avec la culture précédente. « Les comparaisons avec et sans couvert permanent ont eu lieu en ayant une conduite culturale la plus proche possible entre les deux modalités, indique Jérôme Labreuche, responsable travail du sol et interculture chez Arvalis. Les doses d’azote étaient par exemple toujours les mêmes. » Les couverts ont soit été détruits pendant le cycle de développement du blé (d’octobre à mai, volontairement ou non), soit maintenus vivants. Pour ceux n’ayant pas été détruits, des passages de régulateurs de croissance ont été effectués pour limiter la compétition avec le blé.

Après étude des résultats, il s’avère que la présence d’un couvert n’affecte pas le rendement du blé (100% des témoins) et ce, toutes situations confondues. Cependant, « une tendance à l’amélioration s’observe pour les couverts détruits dans le blé (104 %) et à la réduction avec les couverts vivants (96%). » Arvalis - Institut du Végétal note néanmoins que les résultats ont été très hétérogènes d’un essai à l’autre, avec jusqu’à 25% de variabilité par rapport au rendement témoin. Outre les différentes situations géographiques et agronomiques engendrant des cinétiques de croissance différentes, l’institut révèle une hétérogénéité spatiale du couvert et la présence de campagnols, pouvant altérer le développement des plantes. Parmi les composantes de rendement, il est à noter que « la levée et le nombre d’épis au m² de la céréale sont légèrement inférieurs en présence d’une plante de couverture mais sont compensés par une hausse de la fertilité des épis et du PMG. » La teneur en protéines n’est quasiment pas impactée (+101%), avec une variabilité de ± 15%.

 

Pas d’impact notable des couverts sur le rendement donc, mais un effet significatif sur les fournitures en azote. Fixation de l’azote atmosphérique oblige, les couverts de légumineuses ont agi sur l’indice de nutrition azotée (INN) du blé au stade floraison, en provoquant une variation de l’INN de ± 0,25. Arvalis explique que « les blés dans ces essais n’étaient pas "saturés" en azote, ce qui peut expliquer qu’un écart d’INN soit assez bien lié à un effet sur le rendement. »

Les couverts de légumineuses ont néanmoins affecté le rendement blé de certains essais : insuffisamment régulés (niveau de biomasse de 1 à 2 t MS/ha au stade floraison du blé), ils sont entrés en compétition avec le blé au printemps, lorsque ses besoins en ressources sont importants : « Le couvert a probablement profité des apports d’azote minéral effectués, au détriment du blé », explique Arvalis. À l’inverse, un couvert suffisamment régulé (moins de 1 t MS/ha) a donné un rendement moyen à 106,4 % des témoins, pour 100,6 % de protéines.

Enfin, l’institut a mesuré la compétition entre le blé et le couvert pour l’eau. Si la sécheresse de 2015 à Boigneville (91) n’a pas engendré de compétition pour l’eau entre blé et couverts, Arvalis précise cependant que les couverts n’étaient pas beaucoup développés à la floraison du blé (0,6-0,7 t MS/ha). « Il reste cependant encore à suivre l’impact des couverts permanents dans des situations de stress hydriques plus importants, avec par exemple des manques d’eau précoces en début de printemps, ce qui n’a pas été le cas dans les dix essais suivis », conclut Jérôme Labreuche.

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