Faut-il exporter la paille? À cette question, Rémy Ballot, ingénieur à l'Inrae, répond "qu’en agriculture biologique, plus qu’en système conventionnel, la gestion des pailles se raisonne en fonction du type de sol, de sa disponibilité en potassium et des besoins des cultures de la rotation."
Éviter de déstocker les réserves du sol
La restitution de la paille agit sur le stockage du carbone dans le sol, sur le maintien du taux de matière organique et sur la structure du sol. "Lorsque l’agriculteur choisit d’exporter annuellement ses pailles, quelles que soient ses motivations, il faut qu’il se projette sur la fréquence. Sans compensation par des apports organiques, il risque de se confronter à un bilan carbone moins élevé à plus long terme et une teneur en matière organique plus faible, prévient Christine Le Souder, ingénieure en fertilisation au sein d’Arvalis. Idéalement, je conseille d’exporter une paille sur trois."
La restitution à réfléchir selon le travail du sol
De son côté, Philippe Raimon, conseiller en productions végétales à la chambre d’agriculture de la Vienne, précise: "Mieux vaut ne pas exporter les pailles et privilégier leur restitution. Cependant, les résidus peuvent, dans certaines situations, être gênants dans les systèmes avec un travail simplifié ou du semis direct, l’accumulation de matière organique en surface favorisant les limaces et les parasites."
Il alerte également sur le fait qu’une mauvaise gestion du travail du sol peut engendrer une mauvaise répartition de la paille, entraînant ensuite sa très lente décomposition et des risques sanitaires. "La paille de céréales est porteuse de fructifications de champignons pathogènes. Dans le cas d’une rotation courte, il faut être vigilant car, par exemple, une orge d’hiver peut développer du piétin échaudage."
