Du blé hybride pour mieux s’en sortir dans les terres humides

 

Nicolas Renolleau, agriculteur en Vendée, cultive des blés hybrides depuis dix ans. Adaptés aux terres à plus faibles potentiels, notamment humides, et conduits comme des blés autogames, les blés hybrides offrent une meilleure implantation qui permet au final de gagner 8 à 10 q/ha en moyenne selon le polyculteur-éleveur. Suivez l’évolution de sa parcelle durant la campagne avec Cultivar.

 

C’est dans ses terres de landes battantes, plus humides, que Nicolas Renolleau, polyculteur-éleveur vendéen installé en Gaec à Saint-Denis-la-Chevasse, au nord de La Roche-Sur-Yon, sème ses blés hybrides. L’agriculteur observe un gain moyen de 8 à 10 q/ha, en comparaison d’un blé autogame. «Dans certaines de nos terres de bocage, les rendements des blés lignées stagnaient à 70-75 q/ha. Pour ces parcelles plus humides, nous nous sommes donc penchés il y a une dizaine d’années sur les variétés de blés hybrides. Nous avons calculé avec notre technicien une rentabilité atteinte avec un gain de 4 q/ha, pour payer le surcoût de la semence de l’hybride, en sachant que la densité de semis est moindre, à 120 gr/m² contre 230 en lignées, et avec une conduite identique, sans besoin de matériel spécifique.»

 

Pour l’agriculteur, le système racinaire du blé hybride se développe davantage, descend plus en profondeur (d’où l’intérêt de réduire la densité de semis), et résiste davantage à l’excès d’eau. Là où les lignées poussaient mal, et se noyaient parfois en hiver, les variétés hybrides réussissent, grâce à leur meilleure implantation, observe l’agriculteur. «Nous n’avons eu qu’une seule année ou l’hybride s’en est moins bien tiré que la lignée, en 2018. À cause d’un excès d’eau courant mars, nous avons dû retarder une intervention fongicide, et le blé hybride a été touché par de la rouille, donnant au final 66 q/ha de moyenne, contre 82 q/ha en lignées. Mais c’est une exception !»

 

Une conduite culturale strictement identique à celle des blés autogames

Outre les gains de rendement, le blé hybride produit aussi davantage de paille selon Nicolas Renolleau, ce qui est un avantage pour l’éleveur. «Nous sommes de gros acheteurs de paille pour nos bovins et volailles. Les variétés hybrides produisent davantage de paille, même si elle semble légèrement moins appétante en alimentation des bovins.»

Mis à part la densité de semis plus faible, la conduite est la même entre hybride et lignée. «Les hybrides sont peut-être légèrement plus sensibles à la verse, ce qui entraîne le passage d’un régulateur éventuellement. La qualité du blé reste néanmoins la même qu’un blé standard, et le prix de revente aussi», précise Nicolas Renolleau.

 

Itinéraire cultural du blé hybride au fil de la campagne 2019/2020

 

Nous vous proposons un suivi de la parcelle « Le Sarron » de 6 ha cultivée par Nicolas Renolleau, localisée à Saint-Denis-la-Chevasse (Vendée) tout au long de la campagne du semis à la récolte :

 

- Le 20/09/2019 : récolte du précédent, l’ensilage de maïs produisant 18 tMS/ha, en irrigué, dans de bonnes conditions avant les pluies. «Nous n’avons pas réalisé d’apport de fumier contrairement aux autres années, afin de ne pas tasser les sols compte tenu des quantités de précipitations après l’ensilage (140 mm de pluie jusqu’au semis)», explique l'agriculteur. Mais cela ne devrait pas porter préjudice à la culture, grâce aux apports annuels de fumier sur les parcelles de l’exploitation, entre 40 et 50 t/ha.

 

- Le 30/10/2019 : labour à 25 cm de profondeur.

 

- Le 30/10/2019 : semis du blé hybride avec un combiné de semis équipé d’une herse rotative travaillant sur 10 cm de profondeur – tournant à 540 tours/min au lieu de 1 000 tours/min pour éviter trop de terre fine – et d’un semoir à disques pour céréales avec roues plombeuses. Le semis a été réalisé à une profondeur de 1,5 cm. «Nous faisons attention de ne pas avoir un lit de semence trop fin pour limiter la battance, ni trop grossier pour faciliter la levée, précise Nicolas Renolleau. L’ajout de roues plombeuses depuis l’an dernier favorise le contact terre-semences, ce qui a

Combiné de semis avec roue plomberie. Crédit : Mathieu Lecourtier/Média&Agriculture
ssure une meilleure levée.» La variété Hyxtra est semée à 120 grains/m² car les conditions de semis étaient bonnes. «Grâce à la capacité de tallage des hybrides, il est possible de réduire la densité, contre 220-250 grains/m2 en lignées. Nous avions même testé 90 grains/m² une année en hybrides, mais avec une perte de rendements.»

 

 

- Le 06/02/2020 : Premier apport d’engrais avec de l’ammonitrate 33,5 à raison de 100 kg/ha, lors d’une fenêtre climatique un peu plus clémente. "La fertilisation des blés hybrides est comparable à celle des blés lignées, avec les mêmes apports, aux mêmes périodes", précise l’agriculteur.

 


- Le 13/02/2020 : Comptage de sortie d'hiver. La densité est de 120 pieds/m2 après un semis à 130 grains/m². Ce qui correspond à l’objectif que s’était fixé l’agriculteur, malgré des conditions hivernales très

pluvieuses (450 mm cumulés depuis le semis jusqu’au 13 février 2020 !). Un chiffre également à mettre en perspective avec la densité de 250 grains/m² attendue en blés lignées. Les racines sont bien développées, longues, ce qui prouvent une implantation correcte de la variété hybride. « Si le c

Racines et talles de blé hybride en sortie d'hiver. Crédit : Olivier Lévèque/Pixel6TM
hamp baigne plusieurs jours sous l’eau, l’hybride ne résistera pas, tout comme la lignée, relativise Nicolas Renolleau, Mais cette parcelle n’a pas trop souffert de l’eau cet hiver, ce qui a permis au blé de se développer correctement. » Pour les talles, l’agriculteur dénombre 4 à 5 tiges par pied, contre 3 à 4 en variétés lignées, ce qui est une force des variétés de blés hybrides.

 

 

- Le 25/02/2020 : Deuxième apport d'engrais, avec 150l/ha de solution azotée (60 UN).

 

 

- Le 05/04/2020 : Trosième apport d'engrais, avec 150l/ha de solution azotée (60 UN).

 

blé hybride. Nicolas Renolleau
- Le 08/04/2020 : Fongicide Fandango (1l/ha) et Pro Plex (0,7l/ha), en préventif contre septoriose et rouille. "Les blés hybrides sont parfois un peu plus sensibles à la rouille que les lignées, mais la parcelle est très saine, en lien avec le temps sec de mars et début avril, avec un vent d'Est qui a beaucoup séché la culture, indique Nicolas Renolleau. Habituellement, je réalise un raccourcisseur sur mes blés hybrides pour assurer une bonne tenue de tige, mais avec le manque d'eau, les blés n'ont pas tant poussé, alors je ne ferai pas de raccourcisseur cette année, ce qui est exceptionnel. La production de paille devrait être moyenne à faible, en tous les cas moins forte qu'en 2019 !"

 

apport d'azote
- Le 21/04/2020 : 4e apport d'engrais, avec 50 unités d'azote de moyenne (105 kg/ha), avec du Nexen, calculé par le service photosatellite proposé par la coopérative Cavac. "La fertilisation azotée se pilote en hybride de la même façon qu'une lignée", souligne l'agriculteur.

 

- Le 23/04/2020 : un passage de fongicide Elatus Era, à 0,7 l/ha, contre la rouille jaune. La parcelle est saine.

 

- Le 7/05/2020 : observation de parcelle : la culture de blés hybrides s'est bien refaite, souligne l'agriculteur, grâce à l'eau tombée : 50 mm depuis le 19 avril, venus compléter les 14 mm tombés le 19 avril. Les blés ont passé le stade épiaison, et vont bientôt entrer en floraison.

 

- Le 25/05/2020 : observation de la parcelle : le blé hybride est à début floraison. Il s'est bien développé, notamment grâce aux 50mm d'eau tombés courant mai. Nicolas Renolleau pense être dans un potentiel d'une année normale, à 80-85 q/ha. Les pressions maladies restent assez faibles, maîtrisées par les 2 premiers fongicides et un temps chaud et sec. Alors l'agriculteur pense faire l'impasse sur le 3e fongicide normalement prévu.

 

 

- Le 8/07/2020 : moisson de la parcelle de blé hybride à Saint-Denis-la-Chevasse (Vendée), avec un rendement de 71 q/ha. Un niveau inférieur de 15 q/ha par rapport à 2019, mais supérieur aux blés lignées des voisins. « La moyenne de l’exploitation est de 60 q/ha pour nos blés, qui étaient tous des hybrides, contre 55-60 chez les voisins en blés lignés. L’an dernier, nos rendements allaient de 85 à 90 q/ha », se rappelle l’agriculteur. Cette baisse de 25 q/ha est notamment liée aux attaques de pucerons à l’automne. Avec de fortes précipitations automnales, l’agriculteur n’avait pas pu rentrer dans ses champs pour faire un insecticide. « Pour 2020, nous pensons avancer les dates de semis, comme à l’époque des blés traités Gaucho, afin de ne pas être bloqués par les conditions pluvieuses pour protéger les blés des pucerons, en passant un insecticide si le temps le permet et si la pression puceron l’exige. »

moisson blé hybride chez Nicolas Renolleau. Photo M.Lecourtier/Mediagriculture
Avec une production de 3,5 t/ha de paille, là aussi, le rendement a été impacté par les conditions climatiques difficiles de l’année. Habituellement, la production de paille des blés chez l’agriculteur se situe entre 4 et 5 t/ha (6 t/ha en 2019 !), avec une production de paille légèrement plus élevée du côté des hybrides, rappelle Nicolas Renolleau, pour qui le critère a son importance, avec ses besoins en paillages pour ses animaux (bovins, volaille). « Nos voisins avec des blés lignés en peut-être sorti moins de paille de nous en rendement. »

Le taux de protéines de 12% pour le blé hybride correspond à un niveau « pas si élevé mais correct », juge l’agriculteur. Pour 2020, Nicolas Renolleau souhaite produire des blés de force et va alors peut-être jouer sur la fertilisation azotée. « Je vais garder le suivi des cartographies par satellite, mais j’apporterai peut-être une dose finale plus élevée, pour augmenter le taux de protéines. »

 

Suivi terminé !

 

 

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