Pour lutter contre le sclérotinia et la cylindrosporiose du colza, la tolérance variétale est un levier d’importance sur lequel Terres Inovia fonde de nombreux espoirs au vu du nombre restreint de solutions chimiques efficaces. Toutefois, dans la lutte contre le sclérotinia, une nouvelle homologation à base de fludioxonil devrait permettre de réduire sa nuisibilité.
Plusieurs leviers dans la lutte contre le sclérotinia
Principale maladie du colza, le sclérotinia peut causer d’importants préjudices à la culture au-delà de 10% des tiges principales atteintes par le champignon. Hormis la méthode des kits pétales, il n’existe pas d’outils pour prévenir son apparition.
En cours d’évaluation, la variété tolérante BRV703 du semencier Brevant pourrait apporter une réponse prometteuse. Dans les essais suivis par l’institut technique, cette variété a montré une baisse du taux d’attaque sur tiges principales de 40 à 50% par rapport à une variété sensible (DK Extorm) en situation non traitée. Dans ces conditions, l’impasse d’un traitement au stade G1 (début floraison) pourrait s’envisager.
Homologué en avril 2021, le fongicide Treso, granulés dispersables contenant 50% de fludioxonil, propose un nouveau mode d’action dans la lutte contre le sclérotinia. Proposé en pack à une dose d’AMM de 0,75kg/ha, il augmente les possibilités d’alternance avec les autres spécialités commerciales. Terres Inovia rappelle qu’en cas de conditions printanières défavorables au développement du champignon, l’efficacité d’un fongicide, quel qu’il soit, appliqué au stade G1 présente peu d’intérêt.
Parallèlement, l’institut technique a testé différentes solutions de biocontrôle (Rhapsody, Ballad, Polyversum). Utilisés seuls en situation de faible pression maladie, ces produits sont efficaces à 30%. Terres Inovia prévient que "dans un contexte où la pression est plus forte, la solution de biocontrôle doit être impérativement associée à un fongicide à demi-dose pour que l’efficacité du traitement soit acceptable".
Les maladies dites secondaires conservent des solutions de protection
Surtout présente dans l’Ouest de la France, la mycosphaerella peut occasionner des pertes de rendement de 3 à 5q/ha. Des notations d’efficacité visuelle sur feuille ont permis de constater de meilleurs résultats pour une stratégie de deux applications de fongicide. Cependant, même si la note d’une seule application (Treso 0,5kg/ha ou Pictor Active 0,8l/ha) paraît moins satisfaisante, les essais n’ont pas permis de mesurer de différence de rendement (en cas de nuisibilité faible).
En ce qui concerne la cylindrosporiose, le levier principal de lutte reste la tolérance variétale. L’offre est plus étoffée que pour le sclérotinia. Lorsqu’en sortie d’hiver de nombreuses variétés présentent des symptômes de cylindrosporiose sur feuille, se pose alors la question de la lutte chimique. Le conseil reste inchangé: sur des variétés sensibles, les triazoles restent la solution chimique la plus efficace. Leur application est justifiée dès lors que les symptômes sont déclarés sur feuille afin de protéger les siliques. "Ce n’est pas d’actualité de traiter trop tôt. La nuisibilité semble diminuer au moment de la floraison lorsque le temps devient plus sec", souligne l’institut technique.
Quant à l’oïdium, surtout présent dans les régions du Sud, sa nuisibilité peut atteindre 5 à 10q/ha. Dans ces situations à risque, il convient d’utiliser des triazoles simples, solution la plus économique. En cas de forte attaque, une première application aura lieu au stade G1, la seconde dans un intervalle de 10 à 15 jours.
