Charançon "Lixus juncii" en betteraves, la petite bête qui monte… qui monte

Par sa taille, l’adulte de « Lixus juncii » semble facile à observer, mais sa stratégie de se laisser tomber au sol à la moindre alerte le rend moins évident que prévu à examiner. Photos : ITB

À tout changement ses avantages et ses inconvénients… Les campagnes plus chaudes de ces dernières années engendrent l’expansion de l’aire de répartition de « Lixus juncii » : charançon inféodé aux betteraves bien connu en Limagnes, mais pas encore dans les autres régions productrices de betteraves sucrières.

«Le plus préjudiciable avec le charançon Lixus juncii n’est pas tant les galeries que ses larves creusent dans le collet de la betterave sucrière et qui occasionnent des dégâts allant jusqu’à une perte potentielle de 5 à 7 % de rendement, estime Ghislain Malatesta, responsable expérimentation au sein de l’Institut technique de la betterave (ITB) en Limagnes – zone de production betteravière où Lixus juncii est considéré comme un fléau. Mais les galeries creusées par les larves de ce charançon sont des portes d’entrée pour le Rhizopus, qui peut alors engendrer des pertes de rendement pouvant dépasser 50 % du potentiel de la culture. Ce risque indirect lié à Lixus juncii en fait donc naturellement un dangereux parasite pour la culture. »

Présence avérée dans l’Yonne, suspectée dans l’Aube

Si « Lixus juncii » était déjà bien identifié en Limagnes en 2018, il a été observé pour la première fois dans l’Yonne et sa présence suspectée dans l’Aube. Crédit : ITB-Comité technique-Champagne
Le risque lié à ce ravageur est d’autant plus grand que les équipes de l’ITB – et les autres professionnels de la betterave sucrière – observent une extension de la zone géographique de présence de l’insecte ses dernières années. Alors que le charançon Lixus juncii était essentiellement observé dans les départements du Puy-de-Dôme et de l’Allier jusqu’alors, il a pu être capturé dans des parcelles de betteraves Icaunaises – dans le département de l’Yonne – lors de la campagne 2018 et sa présence a été suspectée dans la région d’Arcis-sur-Aube, dans le département de l’Aube, au moment de la récolte suite à l’observation de galeries et de larves dans les racines. « Nous suspectons que l’augmentation des températures que nous observons depuis plusieurs campagnes favorise la migration de l’insecte vers le nord de la France, explique le responsable d’expérimentation en Limagnes. Afin de confirmer l’extension de l’aire géographique du charançon Lixus juncii, nous mettons en place cette année des tentes Malaise en Limagnes, dans l’Yonne et en Beauce pour capturer l’insecte dans ces secteurs qui s’avèrent être les plus exposés cette année. Depuis l’année dernière, nous avons validé que la tente Malaise est un excellent moyen de capturer l’insecte afin de valider l’arrivée et la présence des adultes qui sont, sinon, très difficiles à observer dans les parcelles. » Difficile car, à la moindre alerte, s’ils se sentent menacés, ils se laissent tomber au sol et simulent leur mort…

Des connaissances encore limitées

Inféodé au genre Beta, ce ravageur est connu des producteurs de betteraves porte-graines du Sud de la France où il peut causer des pertes de rendement grainier de l’ordre d’une trentaine de pourcents. Il est nettement moins connu des producteurs de betteraves sucrières. Lixus juncii adulte est un gros charançon qui se caractérise par une taille imposante : entre 9 et 15 mm de long. Il est reconnaissable à la forme de sa tête prolongée par un rostre – partie terminale des pièces buccales. Son prothorax est orné latéralement de bandes blanches, avec des élytres brunes. Dans les zones où sont produites des betteraves à sucre, les adultes colonisent la culture au cours du mois de mai en général, profitant des chaleurs printanières.

Le « Rhizopus », conséquence indirecte de la présence de « Lixus juncii », est la raison pour laquelle il est essentiel de lutter contre ce charançon !

Ghislain Malatesta estime que « le pic de vol intervient aux alentours de 1 000 degrés jours base 0 à partir du 1er janvier de l’année ». L’accouplement se produit dans un délai plus ou moins rapide : de quelques jours à trois semaines, en revanche, les premières pontes peuvent intervenir très vite. La femelle dépose ses œufs un à un dans les entailles qu’elle pratique à l’aide de son rostre dans les parties les plus jeunes et tendres de la hampe florale ou, plus rarement, dans le pétiole des feuilles. L’incubation dure de trois à quinze jours, selon la température. La larve mine le pétiole ou la tige en direction des racines jusqu’à pénétrer dans le collet.

La tente Malaise a été validée comme le moyen le plus efficace d’observer l’arrivée et la présence de « Lixus juncii » sur un secteur.

Une fois la ponte réalisée, il est alors impossible de lutter contre Lixus juncii. Il est donc absolument nécessaire d’intervenir sur les adultes. Le responsable expérimentation juge que la première précaution à prendre afin de limiter le risque d’infestation d’une parcelle par le charançon est d’entretenir régulièrement les bordures des parcelles par la fauche des bords de champs et des talus. « Le charançon Lixus juncii arrive systématiquement dans les parcelles de betteraves par les bords de champ où il trouve un refuge pour l’hiver et notamment sur les graminées. Une première fauche dès la fin du mois d’avril peut participer à réduire la pression du ravageur ! »

Pour ce qui est de la lutte en végétation, il n’existe aujourd’hui encore aucun seuil d’intervention. Il est donc conseillé d’effectuer une première application insecticide quand le pic de vol est atteint ! Une deuxième application dix jours plus tard peut parfois être nécessaire. Mais les références sont encore minces sur les moyens de lutte contre cet insecte compte tenu du peu de recul dont la filière betteraves à sucre dispose aujourd’hui sur le sujet.

 

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