Cette phrase sonne comme une évidence… Et pourtant, nombreuses sont les interventions de travail du sol profondes qui sont entreprises sans avoir pris la peine de réaliser un diagnostic au préalable. Aussi simple soit-il, il éviterait régulièrement des passages d’outils.
«Je prends une motte, je la casse en deux et j’observe, invite Christophe Frébourg, dirigeant de la société de conseil Frébourg Agro-Ressources et expert de la vie des sols. J’analyse les différentes faces des deux mottes : elles ne sont pas lisses, il y a la présence de racines et la preuve d’une porosité. Ensuite, j’essaie d’effriter ces deux mottes à la main. Dès lors que j’en suis capable, le sol ne souffre d’aucune compaction. De fait, mon décompacteur je le laisse sous le hangar ou je le vends sur Internet… Je n’en ai pas l’utilité», caricature à peine l’expert.
Christophe Frébourg n’est pas dupe, il sait qu’il est difficile de réaliser un profil pédologique dans toutes ses parcelles juste après la moisson pour vérifier la structure de son sol. Cependant, il juge ce diagnostic essentiel et propose de «prendre une bêche et de creuser un trou jusqu’à 50 cm de profondeur. En s’accroupissant devant ce trou et en observant ce mini-profil, il est aisé de vérifier la présence ou non d’une zone compactée – on peut aussi imaginer la réalisation d’un mini-profil 3D. S'il n'y en a pas, je pars en vacances. Pour décompacter, je dois d’abord vérifier si c’est compacté».
Placer la dent au milieu de la zone compactée
«Dans tous les profils que je réalise, j’observe bien souvent un horizon de 0 à 10 cm qui n’est jamais compacté, explique Christophe Frébourg. Bien souvent, selon l’historique du sol, j’observe une zone compactée entre la profondeur de travail récurrente du sol – disons à 10 cm de profondeur – et la profondeur du labour le plus profond jamais réalisé – disons arbitrairement 20 cm. Donc, c’est friable au-dessus (horizon 0-10 cm) et c’est compacté en dessous. Afin de connaître la profondeur de travail à laquelle intervenir, vous réalisez un calcul simple : prenez la profondeur du début de compaction, ici 10 cm. Additionnez-la à la profondeur de fin de compaction – ici 20 cm – et diviser cette somme par deux. Dans cet exemple, le résultat est égal à 15. Il s’agit de la profondeur à laquelle vous devez intervenir avec un outil pointu.»
«Je le dis, je l’affirme et je l’assume : plus les outils sont sophistiqués, moins ils sont efficaces. Un outil de travail du sol, il doit être à dents et c’est tout. La dent doit être droite et pointue et la plus fine possible. J’ai appris à l’école que pour éviter toute compaction dans un sol, il faut que la surface de ferraille soit la plus petite possible. La ferraille dans le sol c’est le contraire des pneumatiques à la surface. Les pneumatiques doivent posséder la plus grande surface de contact possible avec le sol afin que la pression soit la plus faible possible au centimètre carré. La ferraille qui entre dans le sol doit être la plus petite possible pour limiter les pseudo-compactions.» La dent droite et la plus fine possible doit alors être placée à 15 cm de profondeur. Moins profond, ça ne sert à rien et plus profond, ça ne sert à rien non plus.
Pour les zones compactées entre 0 et 50 cm de profondeur, le couvert sera très efficace également. Après, si un horizon plus profond est compacté naturellement par géologie ou par des interventions de matériels trop lourds, s’il n’y a pas d’investigation par la vie microbienne, les racines n’iront pas.