Anticiper les attaques de pucerons sur céréales d’hiver

Une composition équilibrée de la sève des jeunes plantes est un gage de moindre pression pucerons sur céréales d'hiver. Crédit Photo : Agroleague

Sur céréales d’hiver, les pucerons constituent une problématique récurrente, d’autant plus forte que l’hiver est doux. Adopter une approche anticipative est intéressant pour identifier des solutions alternatives et complémentaires aux insecticides, à coût économique réduit.

La teneur en azote et le taux de sucres de la sève influent sur l’attraction des pucerons 

Les pucerons ne possèdent pas les enzymes nécessaires pour dégrader des protéines et des sucres complexes. Ils se nourrissent donc essentiellement de l’azote non-protéique (nitrate, ammonium, acides aminés libres) et de sucres simples dans la sève des plantes. Le risque est présent surtout durant les stades jeunes des cultures, car la photosynthèse n’est pas encore suffisamment efficace pour que le taux de sucres dans la sève soit équilibré. 

La teneur en éléments azotés dans la sève est également un paramètre important dans la gestion des pucerons, et ce au travers de deux principaux facteurs. Tout d’abord, la variation de la concentration en ammonium de la sève change le rayonnement infrarouge de la plante : plus elle est élevée, plus la plante émet une fréquence attirante pour les pucerons. Il y a également un effet physique. La transformation des nitrates par la plante lui demande de l’énergie et de l’eau (en moyenne 4 molécules d’eau pour 1 molécule de nitrate). Ce phénomène entraîne une turgescence des cellules, qui deviennent alors plus sensibles aux attaques des insectes. 

L’approche anticipative de lutte contre les pucerons vise donc à augmenter le taux de saccharose dans la sève, à favoriser la formation de protéines complexes et à limiter au maximum la présence d’acides aminés libres et de nitrate dans la sève des plantes. 

Une bonne nutrition éloigne le puceron  

L'interprétation par l'équipe d’agronomes d’AgroLeague de plusieurs centaines d'analyses de sèves sur blé durant la campagne 2020-2021 a montré que des taux équilibrés en molybdène, magnésium, bore et soufre au début du cycle de la céréale permettaient de réduire les teneurs de NH4+ et NO3- dans la sève, responsables de l'attraction des pucerons. 

L’équipe d’agronomes d’AgroLeague recommande donc comme base prioritaire des apports de mélasse de cannes bio (1 l/ha), de bore (2 l/ha) ou d'octaborate de sodium (1 kg/ha), de molybdène (30 g/ha) et de sulfate de magnésium (2 kg/ha). Il est également possible de rajouter 2 l/ha d'algues, qui ont un effet de régulation des équilibres dans la plante et participent à une meilleure résistance aux ravageurs. Le coût de ces apports est d’environ 10 à 15 €/ha, soit l’équivalent d’un passage d’insecticide, mais sans impact négatif sur la faune auxiliaire. 

Par ailleurs, il est important qu’à la mise en place de la culture, il n’y ait pas de plante favorable à une pré-installation dans la parcelle des pucerons. Les graminées de type repousses ou adventices doivent impérativement être détruites au minimum 15 jours avant le semis. 

L’observation reste de mise, et l’intervention nécessaire en cas de dépassement du seuil

Tout insecticide chimique contre les pucerons n'a pas d'intérêt en préventif. Il est important d’observer dès la levée des séries de 10 plantes réparties sur plusieurs lignes de semis (≥ 5) et de compter les plantes abritant un ou plusieurs pucerons (quelle que soit l’espèce) pour déterminer le pourcentage de plantes habitées. 

Pour cela, mieux vaut privilégier les zones à risque (proches de haies ou de réservoirs potentiels, tels que des bandes enherbées, jachères, maïs, chemin herbeux). L’idéal est de réaliser les observations par beau temps, durant les heures les plus chaudes en début d’après-midi. À ce moment-là, les pucerons sont montés sur les feuilles et donc plus faciles à observer. Le matin, ils se cachent au pied du feuillage. 

Le seuil d’intervention est atteint, si la fréquence de plantes habitées par au moins un puceron est supérieure à 10%, ou si des pucerons sont observés plus de 10 jours, quelle que soit la fréquence de plantes habitées. 

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