Une année noire pour la filière betteravière française

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Pour cette deuxième campagne « après quotas », la filière betteravière française cumule les mauvaises nouvelles, « des prix au plus bas, une mauvaise récolte liée à la climatologie et un contexte législatif qui menace les outils de productions », c’est en ces termes qu’Eric Lainé, président de la CGB, introduisait la réunion annuelle d’information sur la filière le 11 décembre 2018. « Les betteraviers vont perdre en moyenne 400 à 500 euros/ha, c’est du jamais vu », poursuit-il.

Après la belle année 2017 en termes de rendements, les semis tardifs et la sécheresse ont fortement impacté les rendements cette année. Ils accusent une baisse de 14%, estimés à 83 tonnes à 16°/ha. Une année marquée aussi par des problématiques sanitaires importantes, forte présence de la cercosporiose. La récolte 2018 devrait donc s’établir à 40 millions de tonnes à 16° sur une surface emblavée d’environ 483 000 ha. La durée de campagne s’établit à une moyenne de 115 jours contre 138 en 2017. « Cette durée de campagne est artificiellement prolongée à cause des problèmes d’arrachage. »

Le partage de la valeur et la sécurisation du risque

La filière souffre aussi des prix fortement dégradés à l’échelle mondiale, une moyenne de 376 euros la tonne de sucre contre 492 euros l’an passé. Cette forte baisse des prix du sucre est essentiellement liée à la surproduction indienne. « Contrairement au lait, l’Europe subit le marché mondial. Notre filière doit être plus réactive aux signaux de marché, il faut que les ajustements de surface soient opérants et anticiper le risque Brexit en conservant les marchés et en partageant les quotas d’importation », analyse Timothé Masson, économiste à la CGB.

Malgré la crise, l’interprofession souhaite que les producteurs disposent d’outils économiques et techniques efficaces. Le premier des sujets concerne la rénovation des contrats « il nous faut des règles définies de reconnaissance des organisations de producteurs pour une négociation équilibrée. Il y a trop de disparités dans cet environnement nouveau, certains engagements sont reniés, certains contrats ne stipulent ni prix, ni règle de partage de la valeur ou alors ils sont très nébuleux. Il faut plus de visibilité pour les planteurs », détaille Pierre Rayé, directeur de la CGB. Autre sujet, la mise en place d’outils pour la gestion du risque, marché à terme, assurance récolte, épargne de précaution…

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La science au service de l’agriculture

Dernier sujet, mais pas des moindres, la réglementation avec la fin des néonicotinoïdes « Pour l’heure, nous n’avons pas de moyen de substitution, alors que dans les régions les plus exposées, l’absence de traitement peut causer une perte de rendement de 50%. Nos voisins européens ont demandé des dérogations (lien). Cette décision est infondée scientifiquement, même l’EFSA a estimé qu’il n’y avait pas de risque pour les pollinisateurs », s’inquiète Eric Lainé. En guise de consolation, la filière attend toutefois l’extension d’homologation de l’insecticide à base de flonicamide sur la betterave qui pourrait constituer une alternative provisoire pour les semis 2019. « C’est un comble, depuis 1992, nous n’avons pas eu besoin de traiter contre les pucerons grâce aux néonicotinoïdes ! », insiste le président.

Autre sujet de vigilance, la recherche variétale. « Nous continuerons de soutenir le projet Aker, mais les autorités françaises doivent porter le message qu’il faut un cadre réglementaire qui nous donne accès aux outils modernes de sélection, cela devient urgent car la recherche variétale fait partie intégrante des leviers de la transition écologique », a conclu Eric Lainé.

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