L’Inrae a réalisé une étude prospective « Agriculture européenne sans pesticides chimiques à l’horizon 2050 ». Cette étude a mobilisé une centaine d’experts pendant deux ans. En s'appuyant sur les résultats, l’institut échafaude trois scénarios différents dans lesquels les pesticides d’origine de synthèse sont proscrits.
L’étude précise que les systèmes de culture sans pesticide reposent sur la diversification des cultures, le développement du biocontrôle, le choix de cultures et de variétés adaptées mais aussi sur l’apport du numérique et des agroéquipements et l’anticipation de l’arrivée de bioagresseurs par des dispositifs d’épidémio-surveillance.
En matière de résultats, les trois scénarios permettent de réduire les GES de 8% à 37% et conduisent à augmenter les stocks de carbone dans les sols. Dans deux scénarios sur trois, l’Europe garde une marge de manœuvre pour assurer sa souveraineté alimentaire et reste exportatrice.
Ainsi, un futur pas si éloigné peut s’envisager sans pesticide de synthèse, à condition de mobiliser l’ensemble des leviers d’ores et déjà connus, et d’accroître la recherche.
Un futur possible aussi, si les politiques publiques européennes sont cohérentes entre elles et vis-à-vis des accords commerciaux avec les autres régions du monde.
Une notion manque malgré tout dans cette restitution, celle du prix de l’alimentation. L’ensemble du système alimentaire doit être reconsidéré, y compris même « le régime alimentaire », mais à quels prix pour le consommateur? Les politiques publiques doivent aussi tenir compte de cet élément, car il est indissociable de toutes ces réflexions.