"Pourquoi l’homme dérègle-t-il le climat? questionne Philippe Dessertine, professeur en sciences de gestion, spécialiste de la finance et membre du Haut conseil des finances publiques, lors des journées de la Lucine. Car le modèle économique ne fonctionne pas! Il faut donc changer de modèle économique. Cela a déjà commencé et s’accélère." Il faut cependant aller encore plus vite. Et le premier confinement de 2020 est la meilleure démonstration que c'est possible. Le changement s’est alors opéré en moins de deux semaines.
La guerre en Ukraine incite également à un changement radical pour notre modèle énergétique. Mais Philippe Dessertine veut être clair: "Aussi radical soit-il, il faut bannir le mot décroissance de ce changement! Les pays pauvres, avec une espérance de vie inférieure de 30 ans à celle des pays riches, ne peuvent pas l’entendre. Il faut donc trouver un nouveau type de croissance."
L’environnement comme nouvelle valeur économique
La création d’un nouveau type de croissance passe par la création d’un nouveau type de valeur. "La diminution de l’impact environnemental va très vraisemblablement être cette nouvelle valeur, estime Philippe Dessertine. Si l’agriculture est en capacité de démontrer qu’elle produit avec un moindre impact sur son environnement, elle attirera de la valeur. La valeur ne sera plus dans la monnaie, mais dans la communication des impacts sur l’environnement. Et les investisseurs vont chercher à y investir. Ce n’est plus la valeur intrinsèque de l’entreprise qui compte, mais son impact humaniste. Pour ce faire, il faut être en capacité aussi de quantifier cet impact… c’est-à-dire de valoriser la data."
La data a une valeur encore sous-estimée par le monde agricole. Philippe Dessertine en veut pour preuve le groupe SEB, dont le premier poste de résultat est la valorisation des data captées par les robots qu’ils vendent. Il est donc essentiel que le monde agricole se positionne sur la data en parallèle de la production de denrées agricoles.