Toutes les variétés ne sont pas adaptées à une atmosphère riche en CO2

Toutes les plantes et toutes les variétés de sont pas égales face à l’augmentation de la teneur en CO2 de l’atmosphère. Photo : Pixel6TM

"Nous avons remarqué que certaines variétés profitent d’une augmentation de la teneur en CO2 de l’air et produisent plus, tandis que d’autres stagnent, explique Denis Fabre, écophysiologiste au Cirad dans un communiqué de presse. C’est comme si certaines plantes étaient dotées d’un garrot qui les empêche d’emmagasiner le surplus de nourriture." Les scientifiques du Cirad qui étudient la réponse des cultures à la hausse de la concentration en CO2 de l’air depuis 4 ans attribuent ce phénomène aux capacités des plantes à stocker du carbone.

Davantage de CO2 dans l’atmosphère devrait être bon pour les plantes

Pendant 800 000 ans et jusqu’à la révolution industrielle, la concentration en CO2 de l’atmosphère terrestre fluctue entre 280 et 300 ppm. En 2000, cette concentration s’élève à 360 ppm. Elle est aujourd’hui estimée à 417, et les estimations les plus optimistes pour 2050 l’évaluent entre 600 et 700 ppm.

"La rapide augmentation du CO2 atmosphérique va fortement impacter la croissance des plantes, indique Denis Fabre. Une plante grandit grâce au processus de photosynthèse, qui lui permet de transformer du dioxyde de carbone en glucides. Les plantes possèdent différentes capacités de stockage de carbone, des capacités d’exportation des sucres par la plante vers des organes en croissance ou des sites de stockage, qui se matérialisent, par exemple, par de nouvelles talles, c’est-à-dire des pousses végétatives au niveau d’une tige. En testant des plantes aux capacités de stockage différentes, nous avons découvert que plus la capacité de «puits» d’une plante est importante, plus celle-ci tire avantage d’une atmosphère chargée en CO2." Pour les autres, leur rendement stagne. 

Des critères de sélection variétale à revoir

"Les sélectionneurs ont majoritairement cherché à raccourcir les plantes, à préférer les tiges courtes pour faciliter la récolte, rappelle Denis Fabre. Or, cette sélection a été si intense que les variétés produites se sont montrées, lors de nos expérimentations, incapables de s’adapter à une forte concentration de CO2."

En raccourcissant les plantes ou en réduisant le nombre de tiges, la sélection variétale a considérablement réduit les capacités de stockage en carbone des variétés. Si ces dernières sont bien entendu plus productives que des variétés ancestrales, elles ne profitent pas d’une atmosphère plus riche en CO2.

De fait, "il devient impératif que la concentration atmosphérique de CO2 soit prise en compte dans le processus de sélection des futures variétés afin que ces dernières soient capables de tirer profit de ces concentrations élevées, souligne Delphine Luquet, coautrice des articles. Cela pourrait même aider les cultures à mieux supporter certains effets négatifs du changement climatique de plus en plus fréquents."

Si ce virage est important pour des cultures annuelles telles que le riz et le blé, il est d’autant plus essentiel pour les cultures pérennes qui sont, par essence, implantées pour plusieurs dizaines d’années et qui connaîtront de fait des concentrations en CO2 toujours plus importantes.

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