Plutôt que de subir, la filière céréalière française doit construire une stratégie à l’export

Alors que l’on porte aux nues l’agriculture de proximité, le mot export serait presque devenu tabou. On entend même, çà et là, que compte tenu de nos coûts de production, l’avenir du blé français doit se jouer en France.

Mais c’est aller un peu vite sur le plan de la réflexion quand on sait qu’une tonne de blé sur deux prend le chemin de l’export vers nos voisins européens ou les pays tiers. Il faut rappeler aussi que chaque année, environ 34 millions de tonnes de céréales ou en produits de première transformation sont vendues à l’étranger contre 1 million de tonnes importées, rappelle Agridées dans sa note d’analyse. Une analyse alimentée par les réflexions du groupe de travail « export céréales » qui s’est réuni tout au long de l’année 2018 afin de réfléchir à l’avenir de la filière française céréalière à l’export.

« Les éléments de doute sont nombreux, souvent objectifs mais parfois subjectifs et issus des propres insuffisances françaises », indique Yves Le Morvan, responsable filières et produits chez Agridées. Le travail de réflexion que le think tank présente a pour objectif de poser un diagnostic et de formuler un certain nombre de propositions autour de trois piliers, la compétitivité, l’organisation de la filière et la qualité des produits.

Parmi les défis à relever, il est souvent fait mention du manque de compétitivité de nos filières, celle des céréales n’y échappe pas. Cette compétitivité doit être appréhendée à tous les niveaux de la chaîne. Il y a des marges de manœuvre encore à trouver au niveau de la production, parfois de la logistique, et chez les OS.

La note d’Agridées indique qu’au niveau de la production, « une meilleure organisation du travail, des stratégies plus sobres confortées par des OAD, l’accès à une technologie plus moderne en matière d’intrants, des choix génétiques réfléchis avec les OS sont autant de pistes pour abaisser le coût euros/tonne ». Ceci étant dit, Rémi Haquin, président du conseil spécialisé céréales de FranceAgriMer, précise que les niveaux de productivité de la ferme France sont un réel facteur de compétitivité, la France n’est pas forcément la plus mauvaise. Et d’ajouter que la fluctuation des monnaies est très impactant in fine.

Mais tous les autres maillons de la chaîne doivent aussi être impliqués. Chez les OS par exemple, la note précise « qu’il faudrait s’attaquer à l’organisation et à la permanence du fonctionnement terrain, aux fonctions de siège et plus encore à la logistique interne pour lutter contre tous les transferts indus ». « Nous devons être proactifs et adaptés aux besoins du monde. À la différence de nos concurrents, nous n’avons pas de système intégré, nous sommes saucissonnés, alors qu’il nous faut une approche plus holistique et collaborative afin de rentrer dans une logique de flux tiré », résume pour sa part Stéphane Bernhard, responsable du trading chez InVivo.  

Enfin sur le plan de la logistique, la France bénéficie d’un bon crédit dans les comparatifs internationaux, cependant il faut rester vigilant et poursuivre les efforts en matière d’amélioration continue des infrastructures et des modes de transport.

À cette question s’ajoute celle de l’offre qualitative. « Le blé type de la baguette française n’est pas l’alpha et l’oméga de ce que veulent nos acheteurs », rappelle Francis Capelle, administrateur chez Agridées. Autrement dit, il faut faire l’effort de s’adapter à la demande.

Les intervenants, lors de la présentation de cette note, s’accordaient à dire que l’export était parfois envisagé comme « une poubelle », un excédent qu’il faut écouler sur les marchés internationaux… et de leur point de vue, il faut changer le mode de raisonnement. C’est donc toute une réflexion de filière qu’il faut avoir afin d'adapter l'offre à la demande. « Il s’agit moins de chasser en meute que de chasser en filière », conclut la note.

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