"Les solutions alternatives aux phyto ne pourront se développer que si tous les acteurs réagissent"

L'utilisation du drone fait partie des solutions pour diminuer les phyto en permettant la cartographie des parcelles pour moduler les doses, en diagnostiquant précocement les maladies ou encore en suivant l'évaluation de la biomasse dans les champs.

Directeur de recherche à l’Inra, Jean-Marc Ménard explique pourquoi les solutions alternatives aux phyto se développent si peu. Selon lui, le changement ne pourra arriver que si tous les acteurs, de la production à la consommation réagissent.

Les solutions alternatives aux produits phyto existent. Mais elles sont peu utilisées. Selon les données de l’observatoire de l’usage de l’agriculture numérique mis en place depuis trois ans par Agrotic, une institution de formation,  à l’interface de l’agriculture et du numérique, moins de 10 % par exemple d’agriculteurs qui possèdent un outil de télédétection pratiquent réellement les modulations intraparcellaires. Lors d’une journée dédiée aux conseils inhérents aux solutions alternatives aux phyto et organisée à Angers par Végépolys Valley, Jean-Marc Meynard, directeur de recherche à l’Inra, rappelle qu’au moment de la mise en place d’Écophyto, tous les moyens étaient déjà en place :

Les solutions existent pour réduire les intrants, spécifie-t-il. Certaines sont assez faciles à maîtriser comme le fait de mieux positionner les intrants. D’autres le sont moins, telle la substitution des phyto par d’autres intrants. Mais concevoir des modes de production nouveaux en combinant le changement de plusieurs techniques est un risque que beaucoup de producteurs et de conseillers ne veulent pas prendre. 

La diffusion des solutions alternatives bute sur les stratégies et l’organisation des acteurs de l’amont et de l’aval. Les systèmes de production actuels, fortement utilisateurs de pesticides, sont totalement cohérents avec l’organisation des filières. Dans un système socio-technique verrouillé, seules les innovations qui ne remettent pas en question les stratégies des acteurs, leurs réseaux et leurs organisations ont une chance de se développer. Ce sont par exemple les outils d’aide à la décision. Il ne faut pas chercher un bouc émissaire. Tous les acteurs sont solidairement responsables. 

Le système est totalement verrouillé

Le chercheur a de multiples exemples à donner. Le mélange de variétés de blé n’intéresse pas les meuniers. Le tri n’est pas organisé chez les organismes stockeurs pour les associations d’espèces. Aucune légitimité n’existe pour organiser des méthodes de lutte au niveau d’un territoire pour favoriser les auxiliaires, par exemple. Développer des filières pour les espèces de diversification reste difficile. Ainsi, pour le chercheur, ce dernier verrouillage découle directement des surfaces cultivées peu importantes de ces espèces. La sélection variétale reste donc peu dynamique, les coûts logistiques et de transaction demeurent élevés en raison des faibles volumes à traiter, les références agronomiques sont rares. Finalement, leur rentabilité est moindre. Un cercle vicieux s’installe. Aujourd’hui, le verrouillage systémique se manifeste à tous les niveaux : économique (amortissement des installations industrielles, coût de collecte et de tri des espèces de diversification), social (conseil non risqué, gestion uniquement individuelle de la lutte biologique ou de la durabilité des résistances), cognitif (usage des solutions simples sans méthodes préventives), culturel (la course au rendement élevé) et réglementaire (normalisation des fruits en fonction de leur aspect extérieur). 

Les solutions alterntives aux phytos trop peu utilisées. Photo Guihard/Pixel6TM

Jean-Marc Meynard s’attarde sur la gestion des méligèthes sur colza. Ces insectes sont favorisés par la proximité des bois et des prairies permanentes. Les parasitoïdes qui provoquent des chutes importantes de populations de méligèthes sont aussi favorisés par ces mêmes environnements. Mais le travail du sol profond les désavantage fortement. Les observations ont montré que l’activité de ces auxiliaires était significative uniquement si les usages d’insecticides employés l’année précédente avaient été très réduits.

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