Les émeutes de la faim, 10 ans après

En juin 2006, la tonne de blé valait autour des 105 euros. 1 an après, en juillet 2007, elle s’échangeait à 200 euros et tutoyait les 300 euros en septembre 2007. Même constat sur les autres céréales.

Les émeutes de la faim, 10 ans après. © Soupstock/Fotolia

Au printemps 2008, dans Cultivar nous écrivions : « Les stocks mondiaux sont au plus bas, la spéculation financière est à son comble, l’Asie et l’Afrique sont menacées par la crise alimentaire. Le monde mange plus qu’il ne produit. Que doit-on montrer du doigt? Les accidents climatiques, l’émergence des biocarburants, l’évolution des habitudes alimentaires, la crise financière… Autant d’éléments à la fois structurels et conjoncturels qu’il est difficile de hiérarchiser pour faire face à la crise. Comment faire revenir la sécurité et l’autosuffisance alimentaire des pays? Comment produire plus pour nourrir la planète sans renoncer aux attentes sociétales? Le débat est ouvert, les observateurs du monde agricole vont s’arracher les cheveux, mais les décideurs vont devoir reconsidérer le modèle agricole mondial. On croyait cette problématique « oubliée », elle s’impose comme le plus grand défi du XXIe siècle à relever. L’Europe va devoir reconsidérer sa politique agricole pour relever ce défi dans les prochains mois, alors que sa présidence sera assurée par la France ».

Des politiques internationales à reconsidérer 

10 ans après, fort est de constater que la tension sur les prix n’est plus la même, mais CCFD-Terre Solidaire constate dans un rapport publié le 16 octobre, que la montée de l’insécurité alimentaire dans le monde depuis les émeutes de 2007 reste une réalité, en indiquant : « Les États s’étaient engagés à lutter contre les causes de la faim, mais les actions ne semblent pas se concrétiser ».

Parmi les conclusions du rapport « le nombre de personnes souffrant de la faim n'a pas été réduit par 2, ce sont encore 815 millions de personnes qui sont concernées par la malnutrition selon les chiffres de la FAO. D’autre part, l’évolution de l’indice des prix FAO montre une inexorable tendance à la hausse. Depuis 2000, il a augmenté de 229% et depuis 10 ans il n’est jamais retombé en dessous de la barre indicielle de 160 franchie en 2007».

Face à ce constat, CCDF-Terre Solidaire recommande aux États de

-Réaffirmer la primauté du Comité sur la Sécurité alimentaire mondiale comme principal espace de gouvernance. CCFD-Terre Solidaire fait le constat d’une démultiplication des initiatives à différents niveaux qui nuit à la lisibilité des décisions et génère d’importants risques d’incohérence des politiques menées.

-Lutter contre la volatilité des prix et réguler les marchés agricoles « la question de la régulation est d’autant plus d’actualité que se multiplient les traités de libre-échange qui ne permettent pas aux pays de protéger leur agriculture ».

- D’encourager les investissements publics et encadrés. « Ces dernières années des initiatives insuffisamment cadrées et reposant largement sur des projets de l’agrobusiness se sont multipliées. Ce qui contribue à la mise en place d’une concurrence déloyale entre le secteur privé et les paysans qui produisent 70% de l’alimentation mondiale et ne contribue pas à l’amélioration de la sécurité alimentaire dans les pays ».

Moralité, 10 ans après les émeutes de la faim, le contexte a beaucoup changé, mais les constats restent identiques, les épisodes de famine sont toujours d’actualité (Yemen, Nigeria, Sud Soudan) alors que les stocks mondiaux sont conséquents… À notre échelle, on se préoccupe légitimement de la répartition de la valeur entre les producteurs et les distributeurs, mais à l’échelle mondiale, c’est de la répartition des ressources dont il faut parler. Les dysfonctionnements restent une réalité malgré les volontés affichées il y a 10 ans par les décideurs internationaux.

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