Les démoniaques sirènes de l’audimat

Richard Villalon - Fotolia

L’émission Cash investigation diffusée sur France 2, mardi 2 février, a mis toute la profession agricole en émoi. Et pour cause, encore une émission qui, plutôt que d’informer, prend le parti d’instruire à charge un dossier que l’on sait passionnel. « Produits chimiques, nos enfants en danger » : avouez, le titre flirte avec le sensationnel et il y avait fort à parier que le téléspectateur serait au rendez-vous à 20h50. 

Ah, si on pouvait se passer de pesticides, d’antibiotiques, de voitures qui polluent, de traitements anticancéreux… On signerait tous ! Le problème d’une telle émission n’est pas tant ce qu’elle dénonce, mais le parti pris assumé et les moyens déployés pour y arriver. Jean-Charles Bocquet, directeur général de l’ECPA (European crop protection association), interrogé dans l’émission, souligne le manque de transparence de ce type d’émission.

« Mme Lucet m’a interviewé deux heures dans mon bureau, n’a retenu que certains éléments qui ne reflètent pas la réalité du secteur, et le débat qui devait être du direct a été “coupé” – 40 minutes d’échanges sur le plateau et une vingtaine de minutes de débat diffusées à l’issue du documentaire. »

Les chiffres et les mots ont un sens

Sans prendre position pour ou contre les pesticides, l’Afis (Association française pour l’information scientifique) entend rappeler plusieurs éléments qui ont été occultés pendant l’émission et qui donnent un tout autre éclairage. En effet, l’émission cite une étude de l’Efsa (Agence européenne pour la sécurité des aliments) dans les termes suivants : « Plus de 97% des aliments contiennent des résidus de pesticides ». Or, l’étude de l’Efsa avait pour titre « Plus de 97% des aliments contiennent des résidus de pesticides dans les limites légales ». Et par « légales », comprenez en quantité inférieure aux seuils fixés pour prévenir d’éventuels effets nocifs sur la santé. Avouez, ce n’est pas la même chose !

Il faut des veilleurs, des lanceurs d’alerte, oui… Mais en allant trop loin dans le déclaratif, en jetant dans la nature des chiffres, sans explication, sans interprétation, même pour défendre une cause juste, on se décrédibilise à jamais, et à ce jeu-là tout le monde est perdant.  

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