L’eau et l’agriculture en Bretagne, des défis particuliers

Alors qu’elle subit un réchauffement de 1,7 degré, contre 1,1 en moyenne à l’échelle de la planète, la Bretagne est particulièrement concernée par la perturbation du cycle de l’eau due au dérèglement climatique. © Adrien / Adobe Stock

Alors qu’elle subit un réchauffement de 1,7 °C, contre 1,1 °C en moyenne à l’échelle de la planète, la Bretagne est particulièrement concernée par la perturbation du cycle de l’eau due au dérèglement climatique. Gérard Gruau, directeur de recherche au CNRS, a récemment fait le point sur les défis posés par la gestion de l’eau dans ce contexte perturbé.

 

Le contexte. La Bretagne n’est pas une région aussi humide que sa réputation le laisse croire. Les enjeux liés à l’eau y sont en réalité complexes et avec l’évolution du climat, ils se transforment en défis à relever. C'est pourquoi le lycée agricole La Touche à Ploërmel (Morbihan) et le Syndicat mixte du grand bassin versant de l’Oust (SMGBO), organisaient récemment un colloque sur l’eau et ses enjeux en Bretagne.

 

L'analyse. Invité pour son expertise sur le sujet, Gérard Gruau, directeur de recherche au CNRS et membre du Haut Conseil breton pour le climat, a mis en lumière les particularités pédoclimatiques de la région.

Une ressource en eau superficielle

 

Retenir l'eau. Avant tout, les sols de la Bretagne sont peu propices à la rétention de l’eau. Ils sont battants et favorisent le ruissellement.

  • Ces sols sont en outre développés sur un substrat imperméable qui limite l’infiltration. Par conséquent, la ressource est essentiellement superficielle.
  • Il existe certes des retenues d’eau qui se remplissent en hiver, mais des tensions peuvent naître en été et en automne si un hiver sec en a empêché le remplissage.

Autre particularité, la disparité de répartition des pluies efficaces.

  • Dans l’ouest, la moyenne des précipitations atteint 1000 mm par an, mais elle n’est que de 100 mm à l’est dans des régions très localisées ; un chiffre que Gérard Gruau qualifie de « très faible ».
  • Une autre conséquence de ces particularités régionales est la sensibilité des eaux aux pollutions.

Des conséquences multiples

 

« Plus chaud, cela signifie plus d’évaporation, plus de sécheresse en été et plus d’événements pluvieux extrêmes », rappelle Gérard Gruau.
 

Les conséquences. À l’échelle de la Bretagne, cela entraîne un plus grand risque de conflits d’usages de l’eau dans l’est, y compris pour la production d’eau potable. Le cas du barrage de la Chèze (Ille-et-Vilaine), par exemple, est emblématique. D’année en année, le remplissage de la retenue est de moins en moins souvent complet et la tendance pourrait bien se poursuivre.

  • D’autres problèmes se posent encore, parmi lesquels le développement de cyanobactéries toxiques par l’eutrophisation des eaux douces ;
  • la prolifération des plantes invasives ;
  • le risque de dégradation de la qualité de l’eau en période d’étiage.

Enfin, concernant l’agriculture, les effets sont déjà connus : sécheresse ou excès d’eau, baisse des rendements.

S’adapter et atténuer

Dans cette situation, je comprends les angoisses des agriculteurs face aux changements du climat, affirme Gérard Gruau. Et ce d’autant plus que si le réchauffement global est actuellement de 1,1 °C, celui de la France, et en particulier de la Bretagne, est de 1,7 °C.

L'avis de l'expert. Pour Gérard Gruau, l’agriculture, comme les autres secteurs d’activité, va devoir s’adapter en évitant la maladaptation. Pour cela, la meilleure voie consiste à « privilégier les solutions fondées sur la nature ».

  • Pour retenir l’eau, il préconise de recréer de la rugosité, par la plantation de haies, la création de talus, de bandes enherbées.
  • En matière d’irrigation, il est fondamental selon lui de viser l’efficience. Ce qui veut dire raisonner l’arrosage à l’échelle de la parcelle et réduire les besoins par le choix des variétés.
  • Les retenues collinaires, quant à elles, « comportent beaucoup de limites et d’inconvénients », précise-t-il. Il faut donc évaluer les impacts d’un tel dispositif avant toute construction.

Plus généralement, « l’agriculture peut contribuer à l’effort d’économie et de rétention d’eau, moyennant une reconnaissance et une rétribution de ses actions », conclut Gérard Gruau.

 

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