Connaissait-vous Secobra ou, pour les intimes, la Société d’encouragement à la culture de l’orge de brasserie ? Située à Maule, dans les Yvelines, Secobra Recherches est leader en sélection d’orge d’hiver, et a une présence à l’international grâce à ses variétés d’orge de printemps.
L’histoire de Secobra est pour le moins originale. Elle a été créée en 1902 par les acteurs de la filière, malteurs et brasseurs, avec l'ambition d'améliorer les orges de brasserie. Dès lors, les meilleures lignées pures sont isolées et les meilleures d’entre elles sont cultivées.
Les décennies suivantes seront consacrées à l’amélioration et à la vulgarisation des techniques culturales. Un laboratoire d’analyse et une station de triage voient le jour. Dans les années 1950, Secobra développe son activité commerciale avec la création de Semseco, une filiale semencière pour la multiplication, la production et la vente de semences. Ainsi en 1963, l’association regroupe 58 brasseries et 25 malteries.
Certes la société est devenue privée depuis, même si l’association subsiste, mais cette particularité témoigne bien qu’il s’agissait et qu’il s’agit toujours d’être un outil au service de la filière, analyse le directeur Gilles Fouquin.
Nos actionnaires ne sont pas chez nous pour gagner de l’argent, nos programmes de recherche sont en partie des programmes qui servent l’intérêt de la filière, nous les définissons ensemble, même si certains des partenaires peuvent être concurrents.
L’histoire continue avec l’arrivée des biotechnologies et la signature des premiers contrats avec des agriculteurs multiplicateurs, dans les années 1970 et 1980. Semseco devient Secobra recherches qui intégre alors toute l’activité de sélection et d’identification variétale. Dans les années 1990, Secrobra se diversifie (1er croisement réalisé en blé) et crée des nouveaux centres de sélection en Europe. En 1995 la variété Esterel est inscrite, elle deviendra la variété le plus cultivée en France pendant près de 15 ans.
« Pas besoin d’être un gros »
Pour le directeur, l’histoire de Secobra montre qu’une PME peut réussir même en sélection. En 2015, Secobra Recherches réalise un CA de 14 millions d’euros et compte une soixantaine de salariés dont 10 sélectionneurs. Un tiers de l’actionnariat est malteur, un tiers collecteur et un tiers brasseur. « Il n’y a pas d’actionnaire majoritaire, l'actionnariat est représentatif de toute la filière », insiste le directeur.
Malgré sa taille modeste Secobra est devenu le second obtenteur français de céréales à paille, leader en orge d’hiver avec 55,1% des parts de marché et se qualifie d’outsider en progression en blé avec 7,8% des parts de marché. En orge d'hiver, 7 variétés Sécobra figurent parmi les 12 variétés les plus multipliées (2 rangs et 6 rangs).
Pas besoin d’être une multinationale, pourvu d’avoir les bons partenariats, insiste le directeur.
Les clés de la réussite ? Gilles Fouquin les résume en 4 points : connaître parfaitement ses marchés et les débouchés, investir dans la R&D, avoir un outil de travail irréprochable et investir dans les équipes.
La sélection est avant tout une expertise humaine, investir sur les hommes c’est investir pour l’avenir.
Et pour l’avenir, le responsable est optimiste « nous devrions doubler le montant des royalties collectées sur nos semences d’ici une dizaine d’années, elles devraient attendre les 20 millions d’euros, c’est ce que font à peu près les leaders aujourd’hui ». Comment y parvenir ? Par l’arrivée de nouvelles variétés, par le développement du marché nord européen notamment en blé et orge d’hiver par ailleurs, une réflexion est aussi engagée sur le blé dur.
