Julien Denormandie : "Citoyen de bon matin, consommateur passé le premier quart d’heure"

Les clauses miroirs, une priorité pour l'agriculture française. Credit: tktktk/Adobestock

La PAC fait intimement partie de la construction européenne, est-ce utile de le rappeler? Et elle pèse lourd, à juste titre, puisqu’un tiers du budget européen est consacré à l’agriculture. Les arbitrages finaux de la future PAC, qui entrera en vigueur en janvier 2023, seront discutés ces prochains mois.

Alors même que la France prend pour six mois la présidence tournante de l’Union européenne et qu'elle est 1ère récipiendaire des aides de la PAC, elle pourrait avoir un rôle clé quant à son issue. Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, était invité sur France Inter ce mardi 3 janvier pour rappeler ses priorités.

Le ministre a tout d’abord insisté sur sa principale priorité, les clauses miroirs: "C’est un vrai sujet de fond, mais il n’est plus possible d’importer en Europe des produits qui ne respectent pas les mêmes conditions de production, sur le plan environnemental et social. On veut et on va mettre ce sujet sur la table et cela nécessite de revoir les normes du commerce international." Cela sous-entend qu'une PAC ambitieuse doit également être portée par une politique commerciale courageuse. À ce sujet aussi, le ministre de l’Agriculture a rappelé qu’en l’état actuel des choses, la France ne ratifierait pas le Mercosur (accord de libre-échange avec les pays du continent sud-américain).

À la question de savoir si les autres pays européens, au nom du pouvoir d’achat, pouvaient être sur la même ligne, le ministre s’est dit confiant: "Les choses bougent, nous sommes dans un momentum politique. Hier, l’Allemagne avait des positions très libérales sur ce sujet, mais le nouveau gouvernement est moins sur ces positions. Nous voulons, d’ici la fin de la présidence française, graver dans le marbre ces clauses miroirs."

Au sujet du glyphosate, alors qu’il est en cours de réévaluation au niveau européen, pour une prolongation de son utilisation en fin d’année, Julien Denormandie a précisé: "La position de la France, c’est de l’interdire dès lors que l’on a des alternatives crédibles. Dans le cas contraire, on continue d’y avoir recours. Rappelons qu’il est utilisé aujourd’hui pour capter du carbone dans le sol en agriculture de conservation des sols. Si on arrête son usage, on émettra des milliers de tonnes de CO2 dans l’air. Il faut faire les choses avec pragmatisme."

Interrogé par une auditrice au sujet de l’agriculture biologique, le ministre a indiqué que, dans la future PAC, l’enveloppe dédiée à l’aide à la conversion allait passer de 250 à 340 millions d’euros par an, et qu’un renforcement du crédit d’impôt dédié aux producteurs bio avait été voté. Toutefois, il a tenu à préciser: "Aujourd’hui, nous produisons plus de lait bio que le consommateur n’en achète. Lorsque vous interrogez les consommateurs, tout le monde veut des produits plus respectueux de l’environnement, mais quand il s’agit de sortir son portefeuille, c’est une autre affaire. On est citoyen de bon matin, mais consommateur passé le premier quart d’heure ! Cela doit nous interroger."

"La transition de l’agriculture, elle est là, et nous devons investir massivement dans nos agricultures pour qu’elles sortent de certaines impasses, c’est aussi l’ambition de France 2030, a conclu le ministre.

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