Et si j’analysais seul les images satellites du réseau sentinel pour anticiper mes apports ?

© Stéphane Masclaux

 

Il existe pléthore d’OAD qui vous promettent monts et merveilles grâce à l’analyse satellite de vos parcelles. Mais aujourd’hui, obtenir des données en open source est presque devenu un jeu d’enfant, notamment grâce au réseau sentinel-2. Ce réseau de satellites offre une richesse spectrale qui avec un peu d’analyse pourrait constituer une mine d’informations sur le moindre m² de vos cultures. Et même cette analyse est à la portée de tous. Nous avons demandé à Luc Lorin de nous donner deux, trois trucs et astuces pour, depuis chez soi, se faire sa propre idée et optimiser aux mieux les apports aux différents stades des cultures. Luc Lorin est agriculteur dans le département de l’Eure-et-Loir. Passionné de cartographie, il utilise au quotidien ces outils pour répondre à ses propres problématiques. En quelques étapes, nous allons vous aider …

  • Où et comment trouver ces cartes satellites ?

Nous avons recensé deux sites intéressants pour accéder aux cartes: 

- Peps (plateforme d’exploitation des produits sentinel), ce site est en accès libre, après avoir créé un compte.

- Le site sentinel-hub (pas besoin d'inscription)

Le principe est simple, il faut localiser son exploitation, choisir la date de prise de vue, et choisir le moment où il y a le moins de couverture nuageuse. Luc Lorin est adepte de la plateforme Peps. « Une fois que j’ai localisé la zone et déterminé l’heure et le jour de prise de vues, je télécharge le fichier, qui contient 13 cartes différentes.» Ces 13 cartes correspondent à 13 images prises à différentes longueurs d’onde numérotées de B1 à B12

  • Comment traiter ces informations ?

Une carte, reste une carte, il faut la faire parler, en utilisant par exemple un logiciel de SIG (Système d’information géographique), comme par exemple QGIS libre et open source.

« Je rentre alors dans mon logiciel de SIG, les différentes formules qui me permettent de transformer les photos en indices d’intérêts », précise Luc Lorin, et là encore, les formules sont accessibles à tous.

À titre d’exemple, prenons le NDVI (Indice de végétation par différence normalisée), sans doute le critère qui a le plus d’intérêt pratique. Cet indice mesure la quantité de végétation. Il se construit à partir des canaux rouge(R) et proche infrarouge (PIR), à savoir les bandes B8 et B4. Il met en valeur la différence entre la bande visible du rouge et celle du proche infrarouge selon la formule suivante NDVI=B8-B4/B8+B4

Les autres indices que Luc Lorin détermine sont les suivants, LAI (Leaf area Index ou surfaces foliaire)= B8/B4+B12, GNDVI (green normalized difference vegetation index)= B8-B3/B8+B3 et le NDWI normalized difference water index (ou l’eau contenue dans le feuillage)= B3-B8/B3+B8

Il faut savoir que pour faire encore plus simple, le site apps.sentinel fait un pré-traitement de l’information en fournissant l’indice de végétation et le NDWI. Ci-dessous, une carte de végétation, le blé foncé indiquant un fort développement des cultures jusqu’au jaune, marron (moins bon développement ou sol nu).

  • Comment concrètement j’utilise ces informations ?

Le critère indice de végétation permet d’estimer la biomasse de la culture ou tout au moins permet de localiser les points les plus critiques sur la parcelle pour ajuster les apports d’azote par exemple. Fort de son expérience, Luc Lorin corrèle ces mesures d’indice de végétation au nombre de thalles pour ensuite moduler les raccourcisseurs en orge ou blé. Par exemple un NDVI > 0,75 signifie que le risque de verse est important. « Il peut aussi in fine être corrélé au nombre d’épis par m² (stade dernière feuille pointante) pour faire une estimation de ses rendements à quelques jours de sa récolte», poursuit Luc Lorin.

 

NDVI orge

 

Autres indices précieux pour l’agriculteur, les indices LAI et NDWI, « je peux aussi mesurer la pression fongique. Plus les indices sont élevés, plus la pression est forte. À terme, j’espère avancer sur la modulation de mes fongicides à l’échelle intraparcellaire, grâce à ces outils. La marge d’erreur existe évidemment, mais je préfère avoir des estimations plutôt que de travailler à l’aveugle».

Si le niveau de connaissance et d’analyse de notre agriculteur eurélien est le fruit de longues années de travail, ce qu’il faut retenir, c’est qu’aujourd’hui, en deux heures, il est très simple d’avoir accès à son indice de végétation pour se faire une idée assez précise de l’état de sa culture et raisonner ses apports, le tout sans débourser un seul euro !

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