Des nouvelles solutions expérimentées pour lutter contre la bruche

Graines de féverole bruchées. © Cap Seine

L’avenir de la féverole est incertain. Le débouché essentiel qu’était l’Égypte pour l’alimentation humaine devient anecdotique voire inexistant. La raison ? L’impasse technique en production pour lutter contre la bruche. La bruche est un coléoptère qui pond ses œufs sur la gousse de la féverole, les larves se développent ensuite dans les graines, qui deviennent impropres à la consommation humaine. En termes de moyens de lutte, un seul traitement est autorisé avec pour objectif de limiter la population d’adultes avant la ponte. Autre solution, préventive cette fois, la lutte au stockage au moyen de fumigants à base de phosphure d’aluminium ou de magnésium et un insecticide de contact qui n’élimine que les insectes sortis de grains. 

Piéger les insectes grâce à l’odeur

Depuis 2011, une équipe de l’Inra de Versailles, en collaboration avec Arvalis Institut du végétal et Terres Inovia, mène des travaux sur la mise au point d’attractifs pour la bruche à base de composés issus de la plante. « Les bruches rentrent sur les parcelles dès que les bourgeons sont présents, elles sont attirées par l’odeur des boutons floraux », explique Ené Leppik, chercheur à l’Inra de Versailles. Les chercheurs ont en effet montré que la bruche reconnaît la féverole sur la base de signaux chimiques émis par la plante aux stades fleurs et fruits (gousse).

Tout l’enjeu a donc consisté à isoler ces signaux et à reconstituer des mélanges olfactifs perçus par les insectes pour mieux les attirer et les piéger. Le piégeage consiste à disposer sur la parcelle 6 à 10 feuilles engluées par hectare avec un petit flacon du mélange olfactif et ce pendant 7 semaines. Il est préconisé de changer les pièges tous les 7 jours.

L’efficacité semble avoir été validée après deux années d’expérimentation, les premiers dispositifs en plein champ sont testés cette année chez deux agriculteurs de Seine-Maritime. Pour Ené Leppik, le système est efficace mais le piégeage à grande échelle est limité par le type de dispositif… aussi encourage-t-elle les firmes phytosanitaires à se pencher sur un dispositif qui soit pratique à l’usage. Ces travaux et leurs résultats ont d’ailleurs donné lieu à un brevet.

Piège olfactif à bruche développé par l'Inra. © H.Sauvage/Pixel Image

Infradose de sucre

Outre cette piste prometteuse, une autre solution de biocontrôle est testée en plein champ, les infradoses de sucre (50 grammes de fructose par ha) avec 3 à 4 passages tous les 15 jours.  « Ce sont des solutions par ailleurs testées depuis quelques années pour lutter contre le carpocapse du pommier. Ces doses homéopathiques de sucre envoient un signal à la plante afin qu’elle mobilise ses propres moyens de défens», explique Jean-Philippe Chenault, conseiller agronomie à l’Arad2 (Atelier régional d’agronomie et de développement durable du CERFrance Normandie-Maine). Là aussi, plusieurs essais sont menés cette année sur différentes parcelles en Seine-Maritime et dans l’Eure.

L'ensemble de ces essais sont à l'initiative des animateurs des BAC (Bassin d'alimentation de captage) de Fécamp/Valmont/Fauville-en-Caux et du Caux Central, de Cerfrance Normandie Maine, de l'INRA de Versailles et d'agriculteurs très motivés !

Enfin, des travaux sont aussi menés à l’Inra de Dijon, sur l’aspect variétal. « Des cultivars résistants ont été identifiés, il va falloir isoler les gènes d’intérêt qui pourront à terme être introgressés à des variétés de féverole qui présentent un intérêt agronomique », précise Agathe Penant, référent protéagineux pour la zone centre et ouest chez Terres Inovia.

La féverole, tel un phœnix, pourrait donc renaître de ses cendres, si et seulement si les moyens de lutte, encore en phase expérimentale, parviennent dans une échelle de temps satisfaisante à passer à la phase appliquée.  Sinon, les producteurs pourraient bien jeter l’éponge et privilégier le pois… 

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