Bolsonaro : après la rhétorique, viendra le temps de l’action

Photo :  pict rider

Dimanche 28 octobre, Jair Bolsonaro, qualifié de candidat d’extrême droite, a été élu pour 4 ans à la présidence du Brésil. Hervé Théry, géographe, directeur de recherche au Credal-CNRS et invité à l’université de Sao-Paulo (Brésil) nous aide à décrypter cet événement et en comprendre les ressorts. Le premier sentiment, c’est celui de l’incertitude. "Je peux dire en effet que je connais le Brésil depuis près de 45 ans et très franchement je ne sais pas… on sentait venir le mouvement de radicalisation, mais cette élection est quand même un choc pour tout le monde." Première analyse qu’il faut en faire, "c’est un rejet massif du parti des travailleurs (PT), gangréné par la corruption. Les gens ont rejeté massivement la classe politique incapable de tenir ses promesses".


Un vote démocratique

En remportant l’élection avec une large majorité, cette élection n’est pas le fruit d’une seule partie de la société brésilienne. "Bolsonaro a reçu le soutien des classes privilégiées, mais pas seulement. N’oublions pas que le terreau du fascisme, ce sont les petites classes moyennes qui ont peur de retourner dans la misère. Bolsonaro a eu un large soutien de cette «majorité silencieuse». Nous nous attendions quoi qu’il en soit à une nouvelle période de turbulence, les brésiliens sont habitués aux coups de barres brutaux contrairement à nos sociétés beaucoup plus régulées et normées. Faisons le constat aussi d’un pays qui a grandi, le résultat du vote est ce qu’il est, mais l’élection s’est déroulée dans de très bonnes conditions. Il n’est pas arrivé par un coup d’État, la démocratie a fonctionné."

Une mauvaise nouvelle pour l’environnement

Cette élection doit être observée au regard de ce qu’il s’est passé aussi aux États-Unis, dans le sens où la constitution ne permet pas à n’importe qui de faire n’importe quoi "Après la dictature (1985) le Brésil s’est doté d’un système de gouvernance et une constitution qui devrait permettre de préserver l’essentiel, on ne s’attend pas nécessairement à des catastrophes. Il y a eu le temps de la rhétorique pour se faire élire (façon Trump) en clamant haut et fort ce que les gens voulaient entendre, quitte à utuliser des faits alternatifs. Maintenant, il va y avoir le temps de promesses jusqu’au 1er janvier et on verra bien ce qu’il sera capable de tenir dans le temps. Déjà, il est revenu sur sa proposition de fusionner le ministère de l’Agriculture et de l’Environnement à la demande de l’agrobusiness qui craignait de se faire boycotter par les acheteurs notamment européens. Mais une chose est sure, le temps qui s’ouvre n’est pas une bonne nouvelle, ni pour l’environnement, ni pour les minorités", conclut Hervé Théry.

Les ouvrages d'Hervé Théry

- Le Brésil, pays émergé , aux éditions Armand Colin

- Le Brésil, l'écume et les courants profonds

- Blog de l'auteur

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