Arrêtons la guerre des agricultures

Arrêtons la guerre des agricultures. © Goldika/Fotolia

Bruno Millienne est conseiller régional d'Île-de-France Modem, membre de la Commission Agriculture et Ruralité. Photo : DR

 

Suite à un amendement du groupe du Centre et des Démocrates déposé lors de la séance plénière de septembre, l’exécutif et l’ensemble des groupes politiques étaient arrivés à un compromis sur le dispositif d’aide à l’achat de semences (certifiées et fermières) pour les céréaliers touchés par les récentes inondations. Les modalités d’affectation de ce fonds ne figuraient pas dans la délibération proposée ce vendredi 14 octobre au vote du conseil régional.

Grâce à un nouvel amendement du groupe du Centre et des Démocrates (Modem) que j’ai porté en tant que membre de la Commission agriculture et ruralité, nous avons obtenu de l’exécutif régional une réécriture du dispositif afin que soit prévu un accompagnement ad hoc d’un montant maximum de 1.300.000,00€ pour les semences fermières, c’est-à-dire pour le triage à façon des céréales de printemps pour les producteurs de céréales d’hiver qui n’auraient pas du tout eu recours au dispositif adopté en septembre 2016.

Sans notre action, parce que nous faisons partie de la majorité, ce résultat n’aurait pas pu être obtenu.

Et ceci est en concordance avec notre vision de l’agriculture. Nous ne pouvons plus, par dogmatisme, continuer à opposer les différents types d’agriculture entre elles. C’est cette guerre larvée qui existe entre la gauche et la droite, agriculture bio contre monoculture intensive, qui ruine notre agriculture depuis le milieu des années 1980. Notre vision à nous, Centristes, est qu’il faut prendre en compte toutes les agricultures. Nous ne pouvons pas nous passer de l’agriculture intensive pour l’instant, et le bio n’est pas la solution à tous nos maux. La seule réponse qui vaille au problème que rencontre l’agriculture est d’être en capacité d’avoir une vue globale et pluriannuelle de ce qu’il faudrait faire pour que les agriculteurs puissent vivre décemment, et qu’ils nourrissent les Français.

Écrit comme ça, cela peut paraître simple. Mais la mutation de l’agriculture française est éminemment plus complexe à réaliser. Et nous ne pourrons la faire que si nous réussissons à mettre tous les acteurs du monde paysan autour de la table. Il est urgent de convoquer un « Grenelle de l’Agriculture » à l’instar de ce qui a été fait pour l’environnement. C’est ce que j’ai proposé à l’exécutif régional d’Île-de-France par courrier datant du mois de juin 2016. Courrier resté sans réponse à ce jour.

 

Ce que nous avons vécu lors des deux dernières plénières de la région Île-de-France est révélateur de l’extrême tension qui règne sur tout ce qui touche à la question agricole. La subvention d’un montant de 6,5 millions décidée au cœur de l’été, sans consultation des élus régionaux, répondant à une urgence en faveur des céréaliers gravement touchés par la médiocrité de la récolte due aux intempéries faisait pourtant sens. La méthode en revanche était pour nous contestable, car l’attribution de cette subvention a été décidée unilatéralement en collaboration avec les élus des chambres consulaires agricoles d’Île-de-France dont on sait qu’ils sont majoritairement membres de la FNSEA. Attention qu’on ne me fasse pas dire ce que je n’ai pas dit : ils auraient été majoritairement membres de la Confédération Paysanne, j’aurais eu exactement la même réaction. Du coup, cette subvention ne devait à l’origine s’appliquer qu’aux semences de céréales certifiées. Une aberration pour le Groupe du Centre et des Démocrates puisqu'aucun agriculteur n’utilise à 100% des semences certifiées. Le ratio en Île-de-France, dans des conditions normales de récolte, est de 60% de semences fermières pour 40% de semences certifiées. Pour cette raison, l’attribution de cette subvention nous apparaissait plus être une aide à une filière, qu’une aide aux agriculteurs dans leur ensemble. Et c’est cela que nous avons voulu dénoncer en faisant en sorte que l’exécutif revoit sa copie et mette en réserve 20% du total de la subvention pour l’attribuer aux semences fermières.

Jamais nous n’aurions pensé que cette demande légitime et frappée au coin du bon sens puisse provoquer un tel capharnaüm. Preuve, s’il en était besoin, que le dogmatisme reste présent sur la cause agricole. La Région Île-de-France étant en train de préparer un Pacte Régional Agricole, j’ai instamment demandé à l’exécutif de prendre en compte l’avis de tous les acteurs du monde agricole pour l’écrire. La Région Île-de-France s’honorerait d’agir ainsi en s’engageant sur la voie d’une paix contractualisée entre des agricultures qui feraient mieux de s’unir pour sauver ce qui peut encore l’être.

 

À propos de l'auteur:

Bruno Millienne est conseiller régional d'Île-de-France Modem, membre de la Commission Agriculture et Ruralité. 

 

 

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