Arrêt du glyphosate, un surcoût de 80 euros/ha pour certaines parcelles

Arrêt du glyphosate, un surcoût de 80 euros/ha pour certaines parcelles. © Dusan Kostic/Adobe Stock

 

À la demande du Premier ministre, des ministres en charge de l’Agriculture et de la Transition écologique et solidaire, et dans le cadre du plan de sortie du glyphosate, l’Inrae a été désigné pour fournir à l’Anses des éléments sur les impacts économiques pour les grandes cultures. Ce rapport a été remis début 2020 aux autorités compétentes. L’Inrae organisait le vendredi 3 juillet une conférence de presse sur ses conclusions. Dans son rapport, l’Inrae rappelle qu’à ce jour, le travail du sol et le désherbage mécanique en interculture sont les principaux leviers de contrôle des adventices sans glyphosate.

Sur la base de données du ministère de l’Agriculture sur les pratiques culturales en grandes cultures et prairies (enquête de 2017) le contexte est le suivant. Les principaux éléments les plus directement liés à l’utilisation du glyphosate en interculture sont la stratégie de travail du sol mise en œuvre sur les parcelles et la taille des exploitations. Autrement dit, plus le sol est travaillé, moins le recours au glyphosate est important et plus l’exploitation est grande, plus on a recours au glyphosate.

Ainsi pour l’estimation des surcoûts, trois scénarios sont retenus. Un scénario, dit de référence, consiste à supposer que les parcelles en semis direct et TCS ou labour occasionnel passent en labour fréquent dans le cas d’un retrait du glyphosate. Un autre scénario consiste à faire l’hypothèse d’un recours au labour systématique. Un troisième scénario, considéré comme un scénario à mi-chemin, fait l’hypothèse que pour les parcelles historiquement en semis direct et TCS, une stratégie de travail du sol avec labour occasionnel (plutôt que fréquent et systématique) serait préférée par des agriculteurs qui auraient du mal « à retourner leurs sols » même en cas d’arrêt du glyphosate.

Semis direct et TCS fortement pénalisés

Les surcoûts estimés englobent les dépenses d’herbicides des traitements chimiques, les consommations en carburant et les besoins de main-d’œuvre ainsi que les charges de mécanisation de l’ensemble des interventions. Les coûts qui ne sont pas considérés sont ceux liés à des éléments non quantifiables, tels que l’impact économique des changements d’assolements, l’incidence des contraintes de jours disponibles pour réaliser les interventions mais aussi ceux liés à la transition, comme la formation par exemple.

Forts de ces précisions, le rapport conclut qu’un arrêt du glyphosate dans le cadre des parcelles conduites en semis direct, la mise en œuvre d’un recours au travail du sol avec labour fréquent (scénario de référence) engendre un surcoût annuel de presque 80 euros/ha. Ce surcoût se répartit pour la moitié en coût de mécanisation, pour un quart en carburant et pour le dernier quart en main-d’œuvre. Ces 80 euros tiennent compte de l’économie de traitement herbicide.

Pour les parcelles conduites en TCS, le surcoût calculé, dans le cadre du scénario de référence, est de 26 euros/ha/an, la répartition des surcoûts est similaire à celle des parcelles conduites en semis direct.

Pour les surfaces labourées au moins occasionnellement, le surcoût est inférieur à 10 euros/ha/an.

Il est aussi utile de rappeler que, selon les données sur les pratiques culturales, les parcelles en semis direct représentent moins de 2% des parcelles cultivées, celles en TCS, environ 18%, donc la part des parcelles labourées occasionnellement, fréquemment ou systématiquement représente environ 80% des surfaces cultivées.

La conclusion du rapport de l’Inrae est donc la suivante. Le travail du sol est le principal levier, à ce jour, pour se passer du glyphosate et les conséquences de son retrait sont donc très différentes en fonction des stratégies déjà pratiquées. L’impact est d’autant plus important que les exploitations ne pratiquent pas du tout de travail du sol. L’Inrae précise toutefois que cette étude ne traite pas de la question de la transition et ne mobilise pas d’autres éléments agronomiques qui pourraient être mis en place.

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