Avec Metabio, l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) mobilise toutes les disciplines et tous ses départements pour explorer une hypothèse, pas si lointaine, où l’offre française de produits bio deviendrait majoritaire. La transformation profonde du système agricole français – et mondial –, passant du "conventionnel" au "biologique" pourrait atteindre 50 % à moyen terme. Pour l’Institut, cette révolution "nécessiterait un changement radical de la chaîne agri-alimentaire". Rien que ça. C’est justement sur les pistes qui pourraient accompagner le changement que l’Inrae travaille.
L'une des principales difficultés, la fertilisation. Les engrais chimiques sont bannis en agriculture biologique. Il faut donc trouver d’autres méthodes d’apport en azote, comme le fumier : "Aujourd’hui, la quantité de fumier disponible suffit amplement aux besoins d’une agriculture biologique qui ne dépasse pas 2 % des terres cultivées dans le monde", explique l’Inrae. Mais dans l’hypothèse où les terres passeraient toutes en bio, la question de cette ressource précieuse en azote se poserait. "Plus les surfaces bio augmentent, plus il faut consacrer de terres pour nourrir les animaux qui produisent le fumier nécessaire", note l’Inrae. Un modèle mathématique mis au point par les chercheurs conclut qu’au-delà de 60 % de terres agricoles en bio dans le monde, et en imaginant une baisse calorique des rations alimentaires des pays développés de plus de 20 %, l’azote viendrait à manquer.
Pour pallier cette difficulté, le consortium Metabio-Agribioleg travaille sur une piste intéressante : les légumineuses, qui fixent l’azote atmosphérique. Les chercheurs vont évaluer le potentiel de ces espèces en matière de ressources en azote et travailler sur les conséquences de leur insertion dans les systèmes agricoles.