La vitalité des territoires ruraux, dans lesquels vivent 35% de nos concitoyens, est un défi pour les années à venir. Jacqueline Gourault, la ministre en charge de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, répond à nos questions.
Les agriculteurs sont inquiets parce que les campagnes se vident de leurs paysans, mais se remplissent de néoruraux qui ne supportent plus le chant du coq. Comment pérenniser et sacraliser l’activité agricole tout en faisant cohabiter les ruraux et les néoruraux ?
Jacqueline Gourault : L’activité agricole est au cœur de la dynamique des territoires ruraux. C’est une activité économique importante qui structure aussi nos paysages. Nous devons faire des campagnes un territoire d’avenir pour que les agriculteurs puissent y exercer leur métier, et y faire vivre leur famille et permettre aussi le renouvellement des générations. Mais il y a de nouveaux enjeux et défis à relever, la prise de conscience de la société, sur le « mieux manger », le « plus d’environnement » autant de sujets qui questionnent ces milliers de gens qui font des nouveaux choix de vie et viennent s’installer à la campagne. On estime à un peu plus de 100000 le nombre d’habitants supplémentaires par an dans les zones rurales. Ils doivent admettre et accepter qu’il y a une activité agricole. Et les agriculteurs doivent faire preuve de pédagogie à leur encontre. Ils ont parfois un langage ésotérique, lié à la technicité de leur métier, mais qui ne parle pas au quidam n’ayant plus aucune racine agricole. Chacun doit sans doute faire un pas vers l’autre. Il est très important aussi que les agriculteurs continuent de s’engager dans leurs communes car ils connaissent parfaitement le territoire, son histoire et ils en sont un peu les gardiens du temple.
Plus concrètement, la mission « agenda rural » a permis de bâtir un plan d’action, qu’est-ce qu’il faut retenir et quel est son objectif ?
Jacqueline Gourault : Tout d’abord, le constat réalisé c’est que l’exode rural s’est inversé, 22,5 millions de Français vivent dans les territoires ruraux. On ne peut plus parler de déprise et de désertification, même s’il reste encore beaucoup d’inégalités entre les différents territoires que l’on qualifie de ruraux. La ruralité est en effet plurielle selon que l’on est à proximité des agglomérations ou bien complètement éloignés des axes de communication. Cet « agenda rural » a pour objectif de redynamiser ces territoires et qu’au quotidien la qualité de vie y soit synonyme de bien-être et du bien vivre sur son territoire. Cette mission était composée d’élus et d’experts de la ruralité. Pas moins de 200 propositions destinées à améliorer la vie quotidienne des habitants ont été formulées, nous en avons retenues 173.
Retenons le volet qui facilite l’accès aux services publics en zone rurale avec l’objectif d’ici la fin du quinquennat de créer une maison France Service par canton, un guichet qui réunit neuf services publics, Caf, MSA, CPAM, Caisse d’assurance retraite et santé au travail, Pôle emploi, La Poste et les services du ministère de la Justice, de l’Intérieur et des Comptes publics. On peut évoquer l’accès au numérique. Le Gouvernement s’engage à faire résorber les zones blanches de téléphonie mobile et à faire déployer d’ici 2020 la 4G sur tous les pylônes existants. Citons également les mesures qui visent à renforcer la lutte contre l’artificialisation des sols, notamment grâce à des dispositifs qui vont faciliter la rénovation de l’ancien pour éviter l’étalement urbain dans les territoires ruraux et la consommation d’espaces naturels.
L'article dans sa globalité est à retrouver dans le numéro de Cultivar de mars 2020