La sécurité alimentaire à l’épreuve du changement climatique

L’Afrique subsaharienne est constituée, comme son nom l’indique, de tous les pays situés au sud du Sahara, soit 48 pays et 938 millions d’habitants. Un chiffre qui pourrait atteindre 1,5 milliard à l’horizon 2050. Aussi, la progression de la demande en produits agricoles alimentaires serait la plus forte par rapport à toutes les autres régions du monde, multipliée par 2,6 environ d’après les premières projections faites en 2006.
Certes, la production progresserait aussi, mais sans être en capacité de suivre le rythme soutenu de la demande. Ainsi, Benoît Faivre-Dupaigre détaille : « la disponibilité alimentaire pourrait atteindre les 3000 kcal/jour/habitant dans cette région du monde mais au prix d’un maintien d’un taux de dépendance aux importations d’environ 12% (ratio importations nettes/consommation). Un taux justifié notamment par le déficit en produits animaux », sachant que cette projection tient compte d’une augmentation très forte de la production locale (120%), mais pour le spécialiste, les rendements finaux resteraient relativement faibles.
Cependant, si les projections faites en 2006 par la FAO indiquaient un doublement de la population entre 2007 et 2050, les Nations unies ont revu ce chiffre en 2015 et estiment que la croissance démographique pourrait être de 175% sur cette période. Ainsi, la disponibilité alimentaire pourrait être non plus de 3000 mais de 2340 kcal/jour/habitant.
La menace du changement climatique

Alors bien sûr, dans cette étude, des marges de manœuvre sont envisagées, notamment la réduction des pertes postrécoltes. « Si on réduit de moitié les pertes postrécoltes, on augmente le disponible alimentaire de 7,5%, soit entre 183 et 230 kcal/jour/habitant, et on réduit d’autant, à savoir de moitié, les importations », précise le spécialiste, chiffres à l’appui.
Autre levier d’intervention, la perspective d’une hausse des rendements, en partant d’une hypothèse qui serait celle d’une révolution verte telle qu’elle a été observée en Asie et qui permettrait une hausse de 3 à 6% des rendements en céréales et oléagineux. L’offre régionale pourrait ainsi être multipliée par 6.
En guise de conclusion, Benoît Faivre-Dupaigre souligne que du point de vue de la sécurité alimentaire, cette région du monde est sur le « fil du rasoir » et qu’un faible choc entraîne un basculement dans le rouge, mais il indique aussi les limites de ce type d’étude : « derrière cette prospective pessimiste ne sont pas prises en compte les hypothèses relatives à la capacité d’innovation, au déplafonnement des possibilités agronomiques, aux audaces économiques, etc. » De plus, cette vaste région de 48 pays, depuis le Sénégal à l’Ouest jusqu’à la Somalie à l’Est et l’Afrique du Sud à l’extrémité méridionale, compte des disparités économiques, démographiques, pédoclimatiques et culturelles gigantesques, ce qui rend le travail de prospective à l’échelle d’un tel territoire d’autant plus complexe et incertain.
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