Dans le paysage du commerce des céréales, un opérateur d’un nouveau genre est apparu en avril 2016. D’abord confiné à 5 départements du centre de la France, il étend maintenant ses activités à tout l’Hexagone.
Ce site, baptisé comparateuragricole.com, se présente comme le premier négoce digital. Cet OS ne dispose pas d’élévateurs, de vis à grains, de cellules, de nettoyeurs-séparateurs. Aucune infrastructure, mais des algorithmes et des bases de données. Une fois l’agriculteur géolocalisé, l’algorithme « prend en compte à la fois le type de marchandise, les distances, les points de chute, les volumes et ceci pour chaque transaction », explique Vincent Guilhem de Pothuau, directeur général. Des prix, bruts de taxe et départ ferme, sont alors proposés en fonction de la qualité.
Ces offres émanent actuellement d’une vingtaine d’acheteurs, principalement des FAB et des meuniers. Les agriculteurs connectés peuvent décider de vendre à comparateuragricole.com aux conditions du moment. Ce négociant, agréé OS et certifié CSA GTP, prend alors en charge le transport du produit depuis la ferme, ceci via des transporteurs prestataires.
Bientôt des prix mini garantis
Le paiement des transactions est garanti par une assurance-crédit dans un délai de 15 à 30 jours. Tout l’administratif afférent à la transaction est géré par le back-office du site. Son modèle économique repose sur la gratuité pour les agriculteurs et le paiement d’une commission par les acheteurs. Pierre-Antoine Foreau, président fondateur du site, est resté discret sur son montant, qui est un fixe de « quelques euros/t ».
En 2016, 400 agriculteurs ont tenté l’expérience de comparateuragricole.com : 20000 t de céréales ont été commercialisées et 800 camions affrétés pour 1 million d’euros de chiffre d’affaires. Pierre-Antoine Foreau ambitionne de devenir le n°1 français de la collecte de céréales en ligne, avec 50000 t collectées en 2017. Il souhaite en particulier mettre en place « des contrats avec prix mini et assurances à la hausse ». Une ambition audible dans un contexte de trésoreries fragilisées.
4000 agriculteurs stockeurs visés
Cette nouvelle forme de négoce se positionne aussi avec une offre « appro ». Elle a déjà vendu 3000 t d’engrais. En revanche, les phyto ne sont pas encore à l’ordre du jour : « On y réfléchit, on a rencontré des acteurs, précise Pierre-Antoine Foreau. Mais ce n’est pas la même logistique que les céréales et les engrais. Nous voulons déjà maîtriser notre outil au maximum ».
Le président d’à peine 27 ans se veut rassurant : « On ne vient pas casser un marché, on innove technologiquement. L’agriculteur qui vend ne connaît pas son acheteur final ». Rassurant, et néanmoins conquérant : une levée de fonds est en cours, dont l’origine et le montant n’ont pas été précisés. De quoi se rapprocher de son objectif d’atteindre les 3% de sa cible, qu’il estime à 120000 agriculteurs stockeurs.
