Protéagineux, une filière qui se cherche

Photo : happyculteur/Adobe Stock

Selon les dernières prévisions publiées par Agreste, la production hexagonale de protéagineux n’échappe pas aux mauvais résultats de la campagne 2020. En volume, la production est estimée à 750 000 tonnes, en baisse de 12% par rapport à la campagne précédente et de 8,8% par rapport à la moyenne des cinq dernières campagnes. Dans le détail, ce sont 572 000 tonnes de pois qui ont été produites, 165 000 tonnes de féveroles et 14 000 tonnes de lupin. Cette faible production s’explique par une baisse des rendements, les protéagineux n’auront pas échappé aux conditions météorologiques compliquées de la campagne, alors même que les surfaces étaient en hausse pour cette campagne. « Cette augmentation des surfaces s’est justifiée par les bons résultats agronomiques obtenus en 2019 et par la place libérée par les surfaces de colza qui n’ont pu être semées », expliquait Jean-Paul Lacampagne, ingénieur Terres Univia, à l’occasion d’un webinaire organisé par l’institut.

 

Une production en yoyo

L’histoire de la filière protéagineux en France n’est pas un long fleuve tranquille, alors même qu’on évoque la souveraineté en matière de protéines végétales. Remontons un peu l’histoire, en 1993, la sole en France approchait les 750 000 ha (principalement du pois) quand elle atteint péniblement les 295 000 ha en 2020. Souvenons-nous, début des années 1980, un embargo sur les exportations de soja américain met en lumière la forte dépendance de l’Europe vis-à-vis des États-Unis en matière de protéines végétales. À l’époque, l’ancêtre de l’Union européenne, la CEE, met en place un plan protéines en assurant un prix minimum garanti et en versant une aide à l’utilisation de protéines européennes aux fabricants d’aliments du bétail et aux éleveurs. « Un prix qui était inversement proportionnel à celui du tourteau de soja », précise le spécialiste. C’est la raison pour laquelle les surfaces de pois ont explosé à cette époque. Puis, entre-temps, la problématique Aphanomyces euteiches a contraint les producteurs à baisser leurs surfaces, surtout dans le Nord de la France, les résultats agronomiques ont pu aussi en décourager certains. En 2008, les surfaces étaient estimées à 180 000 ha. En 2010, on assiste à un nouveau pic (400 000 ha) grâce à la mise en place par la France d’une aide spécifique de 100 euros/ha couplée à une aide européenne de 55 euros. Enfin, les surfaces ont de nouveau décliné pour se reprendre depuis trois ans, grâce à l’aide aux protéagineux mise en place depuis 2018.

Hors Royaume-Uni, la France reste le premier producteur de pois en Europe (talonnée par l’Espagne) et de féveroles (suivie par l’Italie et la Lituanie). À l’échelle du monde, la France reste un petit poucet, le Canada s’affiche comme premier producteur et exportateur mondial pour le pois, celui de la féverole (+fèves) est dominé par la Chine, en tant que producteur surtout, car c’est un pays qui n’exporte pas, rappelle Jean-Paul Lacampagne.

 

Des débouchés pays tiers contrariés

Les débouchés domestiques et intracommunautaires sont principalement l’alimentation animale et humaine. Concernant les exportations pays tiers, les deux grandes destinations qui étaient l’Inde pour le pois et l’Égypte pour la féverole se sont fermées à l’origine française. En effet, l’Inde a décidé de taxer à 50% les importations quelle que soit l’origine. D’autre part, la qualité visuelle des féveroles françaises est insuffisante pour répondre au cahier des charges égyptien (taux de grains bruchés trop élevé).

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