L’avenir du corridor d’exportation en mer Noire pèsera sur les marchés mondiaux et les exportations françaises

Malgré un très bon début de campagne, les exportations françaises de blé tendre sont revues à la baisse par FranceAgriMer, en raison du retour en force des céréales russes et surtout ukrainiennes sur le marché.

Suite à la réunion de son conseil spécialisé « grandes cultures », le 9 novembre, FranceAgriMer a communiqué ses dernières données sur les marchés céréaliers. Le bilan français du blé tendre est revu en très légère baisse, avec une production française estimée à 33,66 Mt. Le stock final attendu à la fin de la campagne en cours est en revanche revu en hausse de 425 000 t par rapport aux prévisions du mois dernier, en raison d’une diminution des perspectives d’exportation.

La campagne d’exportation a pourtant bien commencé dans les ports français : de juillet à octobre, les exportation vers des pays extérieurs à l’Union européenne sont très au-dessus des volumes enregistrés au cours des années précédentes, avec plus de 3,7 Mt expédiées selon les chiffres des douanes, cités par FranceAgriMer. Les principales destinations au cours de ces quatre premiers mois de campagne sont l’Algérie (1,06 Mt), le Maroc (999 000 t), l’Afrique subsaharienne (573 000 t), l’Égypte (256 000 t), le Yémen (240 000 t) et le Pakistan (234 000 t). On note le faible niveau des achats chinois de blé français, avec seulement 86 000 t depuis le début de la campagne. Les exportations totales sont prévues à 6,9 Mt vers les pays de l’Union européenne (-13 % par rapport à la campagne 2021-22), et 10 Mt vers les pays tiers (+14%).

Mais ce dernier chiffre va dépendre en grande partie de la capacité de l’Ukraine et de la Russie à exporter leurs productions agricoles vers les marchés du bassin méditerranéen, du Proche-Orient et d’Afrique sub-saharienne. Si les perspectives d’exportation de la France sont revues en légère baisse, c’est en raison du « retour sur le marché des céréales ukrainienne, qui s’avèrent très compétitives », comme le note Marc Zribi, chef de l’unité « grains et sucre » de FranceAgriMer, qui précise que « des inconnues demeurent toutefois sur la pérennité des exportations maritimes en provenance des ports de la région d’Odessa, ce qui induit un certain attentisme sur le marché depuis quelques semaines ».

En mer Noir, un « corridor » en sursis

Le corridor maritime pour l’exportation des céréales ukrainiennes, établi suite à un accord négocié sous l’égide de l’ONU en juillet dernier dont la Turquie est garante de l’application, semble fonctionner très efficacement. À tel point que même l’annonce par la Russie de la suspension de sa participation à cet accord, suite à une attaque massive de drones sur sa flotte de guerre en baie de Sébastopol le 29 octobre, n’a pas arrêté les mouvements de navires exportant les céréales d’Ukraine. La Russie, depuis, participe à nouveau à cet accord. Mais celui-ci avait été conclu le 22 juillet pour une durée de 120 jours, et cessera donc de produire ses effets le 19 novembre. Jusqu’ici, la Russie n’a pas dévoilé ses intentions quant à la prolongation ou non de l’accord. « La question du corridor est essentielle pour la suite de la campagne céréalière, avec un énorme impact sur les prix du marché des céréales, estime Marc Zribi. Il ne faut pas oublier que cet accord ne concerne pas seulement les exportations ukrainiennes de céréales, mais qu’il comporte une contrepartie facilitant les expéditions d’engrais et de céréales par la Russie. Les conséquences sont donc importantes sur le marché, en volume comme en prix, tant pour le maïs que pour le blé tendre. »

La Russie profite en effet de l’accord du 22 juillet, puisque ses exportations de céréales, qui n’atteignaient en juillet que la moitié de leur moyenne quinquennale, ont pratiquement rattrapé cette moyenne depuis, avec 4 Mt exportées au cours du seul mois d’octobre.

Côté ukrainien, on profite à plein de ce corridor : depuis fin juillet, plus de 10 Mt de produits agricoles ont été exportées par voie maritime depuis les ports de la région d’Odessa, selon le Centre de coordination conjointe de l’ONU, chargé d’appliquer l’accord.

Les exportations ukrainiennes montent en puissance

Ces trois derniers mois, les exportation maritimes de céréales depuis l’Ukraine atteignent environ les deux tiers de leur moyenne quinquennale. Le maïs est concerné au premier chef. Principale destination de ces céréales : l’Europe, la Turquie et la Géorgie pour 59 % d’entre elles, dont un tiers environ pour la Turquie qui réexpédie ensuite certains produits, avec ou sans transformation, vers le Proche-Orient ou l’Afrique du Nord. Viennent ensuite l’Extrême-Orient (16%), le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (15%) et enfin l’Asie du Sud (6%). Seulement 3 % de ces expéditions ont pour destination l’Afrique subsaharienne.

Selon le cabinet ukrainien UkrAgroConsult, un total de 6,9 Mt de produits agricoles ont été exportées par l’Ukraine au cours du seul mois d’octobre, dont 2,9 Mt de céréales (blé, orge et maïs confondus), le reste étant constitué de colza, de tourteaux, ou d’huiles. Avant la mise en place de cette voie d’exportation maritime, les expéditions terrestres de produits agricoles par l’Ukraine (route, rail et fleuve confondus), avaient monté en puissance pour totaliser  1,7 Mt en mai, 2,1 Mt en juin et 2,6 Mt en juillet 2022. Le même chiffre de 2,6 Mt par voie terrestre s’est maintenu en septembre et en octobre avec, pour ce dernier mois, la répartition suivante : 600 000 t par camion, 1 Mt par train et 1,1 Mt par bateau, via les ports fluviaux du Danube.

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