La France ne sera plus leader à l’export hors UE

Le rendement de 2016 est estimé à 28,68 millions de tonnes par Agritel, soit le plus faible depuis près de 30 ans. Photo : C. Milou/Pixel Image

Le rendement de 2016 est estimé à 28,68 millions de tonnes par Agritel, soit le plus faible depuis près de 30 ans.

Selon Agritel, la France va perdre son rôle de leader sur le marché blé tendre hors Union européenne au bénéfice de l’Allemagne. En cause, un poids sec trop faible et un rendement moyen de 5,48 t/ha en 2016, contre 7,39 t/ha en moyenne ces cinq dernières années.

Avec une récolte estimée à 28,68 millions de tonnes par Agritel, soit le plus faible rendement depuis 1983, la France enregistre un recul de 26% de son rendement blé tendre par rapport à la moyenne quinquennale. Sur la qualité, Agritel assure qu’il n’y a pas de problème de mycotoxine ni de l’indice de Hagberg, et que la teneur en protéines est forte. "En revanche, le poids sec pose problème avec une moyenne française de 70 kg, alors que pour exporter il faut au minimum 76 kg", indique Michel Portier, directeur général d’Agritel.

Avec un tel poids sec, le blé tendre français va être pénalisé sur le marché où les prix sont déjà bas. Car au moment où la France connaît sa pire récolte en 30 ans à cause des incidents climatiques, les autres acteurs du marché mondial du blé tendre affichent des récoltes record. "La France subit une double peine, avec un récolte catastrophique et des prix qui s’écroulent", souligne Michel Portier.

L’Allemagne leader des exportations hors UE

La baisse de rendement se fera ressentir dans les exportations : "La France devrait exporter 60% de moins de blé tendre vers les pays tiers, c’est-à-dire hors Union européenne, estime le directeur général d’Agritel. Sauf surprise, l’Allemagne va prendre notre place sur cette zone hors UE."

Avec une production estimée à 25,5 millions de tonnes, l’Allemagne devrait exporter 6,50 millions de tonnes hors UE, contre 5,10 pour la France. Selon Agritel, l’Algérie et le Maroc risquent notamment de se tourner vers d’autres fournisseurs que les français. La baisse de l’excédent brut commercial français a ainsi été évaluée à 2 milliards d’euros sur le blé tendre, et à 3 milliards d'euros avec les autres cultures.

Mais les premiers à subir les conséquences de cette récolte sont les agriculteurs : le déficit est estimé de 500 à 600 €/ha. "Les agriculteurs ont besoin d’une trésorerie à court terme de 1 000 €/ha pour couvrir ce déficit et les fonds pour la récolte 2017", alerte Michel Portier. Les organismes stockeurs risquent eux aussi de connaître des difficultés, tout comme l’ensemble de la filière et ses 460 000 emplois.

Les solutions d’Agritel face à la crise

Face à la crise, Agritel rappelle que des banques ont déjà pris des mesures pour financer la trésorerie à court terme. De plus, la société demande notamment le report des cotisations sociales, de retirer l’année 2016 comme référence pour les assurances, et de renoncer à l’obligation de livraison pour cette année : "certaines cultures, comme le pois, ne valaient pas le coût d’être ramassées et livrées, mais c’était nécessaire pour toucher les aides Pac", explique Michel Portier.

Sur le moyen et long terme, Agritel souhaite une réforme de la Pac pour lisser la concurrence entre les pays membres. "La France pose des contraintes réglementaires supérieure à celles de l’Europe et nous perdons ainsi en compétitivité par rapport à nos concurrents", justifie le directeur général. Il soutient par ailleurs les aides compensatoires qui doivent contrebalancer les distorsions de concurrences, mais regrette leur convergence alors que les conditions sociales et fiscales diffèrent.

De plus, dans un contexte où les incidents climatiques sont annoncés comme de plus en plus fréquents, Agritel veut encourager les agriculteurs à faire appel à des assurances, que ce soit pour la récolte ou pour le revenu et le prix.

La société experte des stratégies de marchés souhaite également voir le risque de volatilité se diluer dans la filière. "Actuellement, l’agriculteur est la variable d’ajustement, alors que les variations des cours doivent se répercuter sur l’ensemble de la filière", soutien Michel Portier.

 

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