Renouer avec de hauts rendements

Depuis 2008, les rendements de luzerne déshydratée ont décroché de près d’une tonne de matière sèche par hectare en Champagne-Ardenne, principale région productrice. Désormais, les rendements avoisinent 11 tMS/ha en moyenne. Une régression importante qui a débuté bien avant ces six dernières années et qui incite donc les représentants de la filière dont Xavier Roy, président de la fédération régionale des coopératives de déshydratation de Champagne-Ardenne, à penser qu’il existe un potentiel non négligeable d’augmentation des rendements :

Quand la luzerne est évoquée dans les campagnes, on entend plus souvent parler du prix payé par la coopérative que du rendement de la culture. C’est navrant ! On observe un certain désinvestissement technique pour la luzerne. Une grande part de la responsabilité de cette baisse de rendement est imputée directement aux coopératives qui récoltent et valorisent la luzerne. Une première coupe trop précoce, des interventions dans de mauvaises conditions sont les principaux reproches. Or, il a été mis en évidence une certaine hétérogénéité des rendements entre des producteurs d’une même commune dont les interventions ont été réalisées au même moment. La responsabilité des coopératives n’est donc pas suffisante pour expliquer cette baisse de rendement.

L’implantation de la culture conditionne sa pérennité et son rendement. La maîtriser est donc un gage de réussite. Ensuite, le désherbage est devenu davantage technique. À ce sujet, la luzerne fait partie des cultures dites « orphelines ». Cependant, un bon désherbage reste réalisable selon Xavier Roy :

Nous sommes bien capables d’effectuer des désherbages avec une très grande efficacité sur les betteraves et d’autres grandes cultures. Pourquoi serait-il impossible d’en faire autant sur la culture de luzerne ?

Autre point souvent négligé, la fumure potassique de la culture. Si la luzerne n’a pas besoin d’azote pour se développer, la potasse lui est nécessaire. Autant de points qui expliquent en partie la baisse du rendement moyen régional et l’hétérogénéité entre exploitations.

Réintroduire la technique dans la culture

De ce constat alarmant a émergé un plan d’action dans les quatre grandes coopératives luzernières de la région (APM Deshy, Capdéa, Luzeal et Sun Deshy) pour inverser la tendance. Chacune y va de ses solutions et de ses objectifs. APM Deshy vise une production annuelle de 15 tMS/ha pour tous les adhérents. Luzeal et Capdéa misent plutôt sur une augmentation de 1 tMS/ha pour chacun de leurs adhérents. Enfin, Capdéa se concentre sur les producteurs les moins performants. Ceux dont les rendements ne dépassent pas 9 tMS/ha/an. L’objectif étant de leur faire passer la barre des 10 tMS/ha/an.

Pour atteindre ces objectifs, APM Deshy a créé le service agronomique APM-Agro qui a pour vocation à apporter un soutien technique à l’ensemble des adhérents. Chez Sun Deshy, l’ambition est de renforcer le soutien agronomique auprès des producteurs. Un ingénieur agricole a d’ailleurs été embauché à cet effet. Plus globalement, les coopératives organiseront des rendez-vous annuels ou bisannuels personnalisés pour réaliser un bilan technico-économique avec chaque adhérent. La collaboration entre les différentes organisations professionnelles agricoles devrait être plus étroite. Des essais agronomiques seront mis en place. Mais le principal levier d’amélioration des rendements va être le resserrement des liens entre les adhérents et leur coopérative par une communication de meilleure qualité.

À ce titre, un groupe d’agronomes des coopératives et un conseiller agricole de la chambre d’agriculture de la Marne emmenés par Coop de France Déshydratation ont développé Agroluz+. Cet outil informatique, accessible à chaque adhérent des coopératives de déshydratation champardennaises, a pour ambition d’aider chacun d’entre eux à améliorer les résultats techniques de la culture. Dans un premier temps, il est demandé à l’agriculteur de réaliser en ligne l’inventaire de ses pratiques et les performances agronomiques globales de la luzerne. Une fois le questionnaire complété, le producteur peut ensuite comparer ses pratiques et ses résultats à ceux d’un échantillon qu’il a lui-même définit selon les caractéristiques et la localisation de son exploitation. Un moyen de plus d’améliorer le rendement et la rentabilité de la culture de luzerne. Après une première campagne d’utilisation du logiciel, celui-ci a permis de collecter l’itinéraire technique de 1 740 parcelles contre seulement 1 104 avec l’ancienne enquête papier. Soit l’équivalent de 10 605 ha. Le logiciel devrait permettre d’accroître les rendements de luzerne les plus bas dans l’intérêt des producteurs et de la filière.

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