Le biocontrôle, un levier pour accélérer la transition agroécologique

Le biocontrôle est désormais sorti de sa confidentialité, avec un chiffre d’affaires de 217 millions d’euros en 2019, il représente 11% du chiffre d’affaires total du marché de la protection des plantes (source baromètre IBMA France). « Et nous visons les 30% d’ici 2030 », indique Hugo Bony, directeur général d’Agrauxine, et de poursuivre : « Nous avons d’ores et déjà une bonne idée du potentiel de croissance, car il faut une dizaine d’années pour apporter une nouvelle solution sur le marché, et celles qui permettront cette croissance sont déjà en cours de développement. Les solutions de biocontrôle sont de réels leviers pour accélérer la transition écologique, et en cela le biocontrôle est un pilier du modèle de production agricole de demain. »

« Si le principe du biocontrôle repose sur la gestion des équilibres des populations d’agresseurs plutôt que sur leur éradication, la mise en marché des solutions de biocontrôle est soumise à l’obtention d’une AMM au même titre que tous les produits phytopharmaceutiques », détaille Hugo Bony, par ailleurs vice-président et secrétaire d’IBMA France. « C’est nécessaire pour éviter les dérives qu’il nous arrive de constater, comme des produits vendus “sous norme” – et donc sans AMM – mais avec des revendications non vérifiées ! Ces produits aux fausses promesses peuvent décevoir l’agriculteur qui peut alors faire l’amalgame avec les solutions de biocontrôle dûment homologuées. »   

La démocratisation est en route

Autre élément à préciser, les solutions de biocontrôle rentrent dans le cadre strict de la séparation de la vente et du conseil. Elles sont toutefois éligibles aux CEPP, et le contrat de solution leur fait la part belle, avec 21 fiches-solutions sur le biocontrôle. « C’est encourageant ! Ces dispositifs vont permettre d’accélérer encore la pénétration de nos solutions », commente Hugo Bony.

Photo : Jordane Chaillou
Aujourd’hui, c’est évidemment un marché tiré par les produits à forte valeur ajoutée qui sont proposés sous des formes peu ou pas transformées, comme la viticulture ou les fruits et légumes pour lesquels le consommateur est sensible à la problématique des résidus de pesticides de synthèse. « En grandes cultures, il y a encore beaucoup de choses à faire, il y a des trous dans l’offre. Et en même temps, cette agriculture n’est pas encore soumise à la même pression que le maraîchage ou l’arboriculture », précise le responsable.

Ne pas attendre d’être au pied du mur

« Il y a aussi une approche culturelle différente entre la France et d’autres pays du monde. Aujourd’hui, pour schématiser, dans l’Hexagone, il y a une recherche de maximisation du rendement au travers de l’éradication de tous les ravageurs des cultures. L’itinéraire technique est décortiqué, et le programme de traitement est considéré comme une doxa. Les approches sont différentes ailleurs, notamment dans des grands pays agricoles d’Amérique latine et les États-Unis où le pragmatisme est de rigueur : quel investissement pour quel objectif ? » L’approche technico-économique est ainsi plus globale. « J’en veux pour preuve qu’un agriculteur nord ou sud-américain décidera selon la conjoncture d’investir ou non dans son champ pour aller chercher du rendement supplémentaire », complète Hugo Bony.

Si le développement du biocontrôle est plus significatif en « grandes cultures » dans d’autres régions du monde, cela est aussi justifié par un modèle de production qui a conduit les agriculteurs à des impasses techniques : « Lorsque vous faites de la monoculture de soja, l’apparition de résistances des maladies et ravageurs aux produits conventionnels devient rapidement une réalité. Le biocontrôle est alors l’alternative. On observe ainsi, au Brésil par exemple, un très fort développement des solutions bioinsecticides et bionématicides. »

Autrement dit, « pour que le biocontrôle se développe, il faut avoir une approche plus globale et ne pas avoir peur de revisiter l’itinéraire technique, aborder le biocontrôle à l’aune des rééquilibrages qu’il permet, ne pas l’appréhender uniquement comme un substitut à la chimie ». C’est sans doute à ce prix que l’on pourra franchir de nouvelles étapes, et pour cela, « il est important d’avoir une gestion et une perception bien plus globale des systèmes, et remettre beaucoup d’intelligence verte pour répondre aux défis de la nécessaire transition des modèles de production agricole », conclut Hugo Bony.

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