Innover et se diversifier dans l’endive, tel est le pari de Pierre Selosse. Depuis la fin d’année 2020, il commercialise une box à endives pour le grand public. Ainsi, le consommateur peut faire pousser chez lui des endives, puis les récolter. Vendue au prix minimum de 10 euros l'unité, Pierre Selosse espère vendre 12.000 box. Il démarche les GMS et les jardineries, afin de les commercialiser, et a déposé un brevet pour protéger son concept.
Une quinzaine de racines d’endives, de la tourbe, un pot et une soucoupe, tels sont les éléments qui composent la box à endives de Pierre et Marie, commercialisée par Pierre Selosse, agriculteur à Villers-Guislain, dans le Nord. Il faut encore ajouter de l’eau et laisser la box à la chaleur (20 °C), puis, au bout de trois semaines, le consommateur peut obtenir environ 2 kg d’endives.
C’est en 2016 que l’idée est venue au père de Pierre Selosse, Jean-Marc: prendre quelques racines d’endives pour montrer comment elles poussent et ensuite les récolter à la maison. Pierre Selosse va alors creuser le concept dans le cadre de son projet d’installation pour rejoindre ses parents, tous deux exploitants sur 90 hectares. Il effectue les démarches pour déposer un brevet et ainsi protéger l’invention. Dès les prémices, il souhaite en effet proposer un concept abouti. "C’est un pari", reconnaît-il, pour lequel il fait appel à un cabinet spécialisé. Pendant un trimestre, ce dernier réalise un travail de bibliographie, avant de déposer le brevet auprès de l’Inpi. Le coût total du brevet s’élève à 10.000 €.
Pierre Selosse affine alors les détails: l’emballage, le contenant, les variétés d’endives. Le carton a été choisi pour protéger les endives de la lumière, et est léger, afin de coulisser lors de la pousse de celles-ci. Tourbe, pot, soucoupe, carton viennent des Hauts-de-France. Une graphiste a élaboré le packaging.
Pendant plusieurs mois, l’agriculteur teste une dizaine de variétés d’endives pour n'en sélectionner que deux. L’objectif est d’avoir une variété qui se prête bien au concept de la box: "Il faut que ce soit simple pour le consommateur, explique Pierre Selosse. Certaines variétés ont, par exemple, besoin de davantage de chaleur." Il n’a pas souhaité communiquer leur nom, mais les variétés choisies sont aussi cultivées en hydroponie.
Un investissement de 120.000 €
Une ligne de conditionnement est dédiée à ces box. Quatre personnes sont nécessaires, et il faut deux jours à l’équipe pour préparer 1.000 box. La première étape consiste à reconstituer la tourbe avec de l’eau, car elle arrive en ballot. Il faut ensuite sélectionner les racines sur la ligne de conditionnement en écartant les plus petites et les plus grosses. Pierre Selosse exige de l'homogénéité, afin de garantir un produit haut de gamme aux consommateurs. Les racines passent alors dans une recoupeuse, où leur collet et la basse racine sont coupés. Une cinquantaine de box, stockées en frigo, sont disponibles.
Le montant investi pour le matériel, les emballages et le brevet est d'environ 120.000 €. Le prix de vente minimum de la box à endives est de 10 €HT, départ exploitation. "Ce prix n’est pas à comparer avec celui d’un sachet d’endives en hydroponie de 2 kg, détaille Pierre Selosse. C’est plutôt l’équivalent d’une endive pleine terre." L'exploitant s’est fixé pour objectif de commercialiser 12.000 box.
L'exploitation de Pierre Selosse en bref
• Installation en 2019;
• SAU de 170 ha: 65 ha de blé, 40 ha d’endives, 20 ha de betteraves sucrières, 15 ha de lin, 12 ha de colza, 10 ha de pommes de terre et 7 ha d’escourgeon;
• endiverie avec ses parents: production du 1er août au 30 avril de 12 à 15 t d’endives blanches par jour, et des carmines toute l’année. 35 salariés en pleine saison. Commercialisation au travers de l’OP En’Diva, dont 30% part à l’export.
