Les sols agricoles ne sont pas morts

Le comptage des lombrics est un des deux tests réalisables par les agriculteurs pour évaluer la vie de leurs sols. Photo: clearviewstock/Fotolia
Les Journées nationales de l'innovation agricole (JIAG) qui se sont tenues les 2 et 3 novembre à Angers avaient pour objectif de présenter les travaux de recherche et d'expérimentation en cours permettant de mieux connaître la qualité biologique des sols, et les moyens de la préserver voire de l'améliorer. Les résultats du projet Agrinnov qui vient de s'achever ont notamment été dévoilés.

Jacky Berland, agriculteur en semis direct dans le sud vendéen, et impliqué dans ce projet, témoigne:

"Les agriculteurs doivent redevenir observateurs, leur regard doit changer. Ils doivent apprendre à rechercher et à observer les choses du vivant dans leurs champs. L'agriculteur qui a compris l'intérêt de l'écosystème doit en faire un outil de sa production."

C'est aussi l'avis de François Mandin, en agriculture de conservation depuis 20 ans dans le sud vendéen également:

"Les agriculteurs doivent utiliser en permanence des outils d'analyse visuelle."

S'appuyer sur l'expertise de terrain des agriculteurs à propos des sols, les faire travailler en commun avec des chercheurs: tel était le fondement du projet participatif Agrinnov qui s'est déroulé entre 2012 et 2015. Son objectif était d'identifier des indicateurs de la qualité biologique des sols agricoles, afin de compléter les critères chimiques et physiques utilisés dans les analyses de sol traditionnelles.

Le plus gros réservoir de biodiversité

Piloté par l'Observatoire français des sols vivants (OFSV), Agrinnov avait pour ambition, non seulement de créer des outils de type bio-indicateurs, mais aussi d'équiper les agriculteurs de ces outils afin qu'ils puissent évaluer eux-mêmes l'impact de leurs pratiques sur la vie de leurs sols. Le projet a regroupé d'une part un groupe d'experts en biologie du sol, et d'autre part un réseau national de plus de 20 groupes d'agriculteurs en grandes cultures et viticulture, représentant 248 parcelles.

Il existe de nombreux organismes vivants dans le sol susceptibles de servir de bio-indicateurs. Lionel Ranjard de l'Inra de Dijon l'affirme:

"Le sol est le plus gros réservoir de biodiversité de la planète."

Le choix des indicateurs s'est donc fait sur la base des besoins formulés par les agriculteurs, soucieux de répondre à des attentes concrètes, et de mettre en œuvre des outils pas trop lourds, pas trop chers et facilement interprétables. Six indicateurs ont été testés et retenus:
• 2 indicateurs au champ effectués par l'agriculteur: le test bêche et le comptage des lombrics;
• 4 indicateurs en laboratoire: test physico-chimie, test litterbags, analyse microbienne, analyse nématodes.

8 à 10% des sols en situation faible

Les agriculteurs ont été formés à réaliser eux-mêmes les échantillonnages de sols et à en interpréter les résultats. Ils ont également répondu à une enquête sur le travail du sol, la diversité des couverts (ou couverture végétale en vigne), la gestion de la fertilisation et de la protection phytosanitaire.
Une restitution des résultats leur a été faite à l'échelle de leur groupe et à l'échelle individuelle, afin de leur permettre d'orienter leur stratégie.

Globalement, le projet Agrinnov a révélé qu'en termes de patrimoine biologique et de fertilité biologique, les sols étudiés étaient dans une situation faible pour 8 à 10%, dans une situation moyenne pour 58%, et dans une bonne situation pour 32 à 34%. Ce qui fait dire à Lionel Ranjard:

"Les sols agricoles ne sont pas morts, mais ils sont à surveiller."

Le projet Agrinnov est terminé mais il se prolonge via le Réseau d'expérimentation et de veille agricole (Reva) conduit par l'OFSV. Le Reva s'appuie sur six groupes d'agriculteurs accompagnés de techniciens et/ou de chercheurs, dans six régions (Pays de la Loire, Poitou-Charentes, Midi-Pyrénées, Paca, Champagne-Ardenne, Bourgogne): ces groupes sont ouverts à tous les agriculteurs intéressés par la question des sols vivants.

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